Manama connaît une escalade meurtrière. Au lendemain d'un attentat commis contre des policiers, des centaines de civils sunnites ont attaqué, mardi 10 avril au soir, un village chiite. Dans un communiqué, le principal mouvement de l'opposition chiite, Wefaq, a affirmé que « des groupes en civil, équipés d'armes blanches ont arrêté des voitures, interrogé leurs passagers et battu » des habitants de villages chiites. Il a rendu les autorités « responsables de la sécurité » des habitants « face à ces milices », dénoncé « la violence d'où qu'elle vienne » et défendu le « droit à manifester pacifiquement ». « La mobilisation confessionnelle menace l'unité de la société », a relevé le ministre de l'Intérieur, cheikh Rached Al-Khalifa, en qualifiant l'attentat de lundi de « crime » pour lequel quatre suspects ont été arrêtés. « Je m'adresse aux Bahreïnis, sunnites et chiites, pour leur dire que (...) nous nous soucions de la sécurité de tous », a-t-il souligné en recevant, mardi soir, une délégation parlementaire, selon l'agence officielle Bna. Les autorités, engagées dans une course contre la montre pour assurer la tenue du Grand Prix de Formule 1 compromis pour la deuxième année consécutive, sont aussi sous forte pression concernant l'état de santé d'un militant chiite, Abdel Hadi al-Khawaja, de nationalité danoise également, condamné à la prison à vie pour complot et en grève de la faim depuis 2 mois. Des dizaines de manifestants chiites ont défilé, mardi à Bilad al-Qadim, et dispersés violemment par la police alors qu'ils tentaient de marcher en direction de l'ambassade américaine. Manama a appelé au respect de « sa souveraineté et à ne pas s'ingérer dans ses affaires internes ».