Les forces de sécurité bahreïnies ont dispersé dimanche à coups de grenades lacrymogènes quelques centaines de manifestants chiites qui s'étaient regroupés près de Manama pour le quatrième jour consécutif. Les manifestants, dont des jeunes gens brandissant le drapeau bahreïni rouge et blanc et des femmes drapées dans leur abaya noire, s'étaient rassemblés sur un rond-point sur l'autoroute de Boudaiya, scandant des slogans hostiles au pouvoir. La police anti-émeutes les a dispersés à coups de grenades lacrymogènes et de matraques, selon les médiats. Des groupes de jeunes opposants chiites ont récemment appelé à une série d'actes de protestations sur l'autoroute de Boudaiya, reliant des villages chiites à la Place de la Perle à Manama, épicentre du mouvement de contestation chiite qui a secoué le royaume en février et mars. Jeudi dernier, une militante des droits de l'Homme, la blogueuse Zainab al-Khawaja, a été arrêtée et frappée pour avoir refusé de mettre fin à un sit-in sur ce même rond-point. Bahreïn a été secoué de la mi-février à la mi-mars par un mouvement de contestation mené par les chiites qui avait été violemment réprimé par le pouvoir. Ces nouvelles manifestations interviennent alors que les autorités ont affirmé accepter les conclusions d'une Commission d'enquête indépendante sur la répression des troubles et promis des réformes. La Commission d'enquête avait dénoncé le 23 novembre un «usage excessif et injustifié de la force» de la part des autorités durant la répression, précisant que 35 personnes -30 civils et 5 policiers- avaient péri. Le roi de Bahreïn avait remplacé le chef de la sécurité nationale, un membre de la famille régnante, après la publication du rapport. Les chiites, majoritaires parmi la population autochtone du royaume dirigé par la dynastie sunnite des Al Khalifa, se plaignent de discrimination. «Je suis un citoyen bahreïni. Il est de mon droit de travailler dans la fonction publique ou l'armée, je protègerais mon pays mieux que des étrangers», a affirmé Mohamed Mulla Ahmed Ali, 19 ans, en allusion au recrutement d'étrangers dans les forces armées du pays. «Nous voulons sentir que nous sommes de vrais citoyens», a ajouté cet étudiant, affirmant avoir été renvoyé de l'université, à l'instar de nombreux chiites qui ont perdu leur emploi ou ont été renvoyé de leurs établissements universitaires pour avoir participé aux manifestations. «Nous ne voulons pas de ce gouvernement. Ils nous ont licenciés (...) il n'y a pas de liberté d'expression», a déclaré Hawraa al-Halawati, une architecte de 28 ans qui a perdu son emploi dans la fonction publique. L'oncle du roi Hamad, le prince Khalifa ben Salman Al-Khalifa, est Premier ministre depuis 40 ans.