Les exercices de simulation de huit jours (du 9 au 16 avril) se sont déroulés dans différents sites. Selon le plan opératoire, une colonne d'unités équipées de la Protection civile intervient dans une agglomération densement peuplée frappée par un séisme pour y engager des actions de sauvetage, de secourisme et d'évacuation de blessés vers les hôpitaux mobiles installés sur site. Les sapeurs-pompiers sont appelés à faire face aux divers risques liés au réseau d'électricité et de gaz et aux glissements de terrain, ainsi qu'aux difficultés de se déplacer à travers des décombres, selon les explications des organisateurs de ce regroupement. « ON N'A PAS LE DROIT À L'ERREUR » Le premier site de manœuvres est celui où on retire les victimes ensevelies sous les décombres. Les secouristes sont assistés par l'équipe cynotechnique. Sur le site, les hommes en uniforme bleu ont mis à l'épreuve ce qu'ils ont appris. Les chiens sont les premiers à inspecter les lieux. Même la direction du vent est prise en considération. Au bout de deux minutes, le « conducteur du chien » est alerté par la présence de deux victimes sous les décombres. A ce moment-là, une équipe de déblayage intervient pour leur apporter secours. Soudainement, on entend le son d'une sirène pour annoncer une réplique. Tous les hommes ont cessé les recherches en s'activant à rejoindre un lieu sûr afin d'éviter d'être eux-mêmes des victimes ! La sirène s'arrête et les sauveteurs ont repris le travail. Le sauvetage des victimes se fait en présence d'un médecin. Les hommes en bleu ont sécurisé les lieux pour un « retrait » adéquat des victimes. Les agents possèdent également des caméras thermiques et des vibrascopes de dernière génération que très peu de pays utilisent. La deuxième manœuvre s'est déroulée au niveau de l'Entreprise nationale de sel (Enasel). Le lieutenant Kabachi Abdelmalek, conseiller technique aux risques chimiques, explique le protocole d'intervention. « Après avoir fait le balisage du site, les éléments ont fait une inspection de reconnaissance du produit répandu. Nous pouvons à ce stade savoir comment contrecarrer la menace chimique ou le risque toxique ». Nous avons assisté à la décontamination des éléments après le retour du site. Les éléments sont habillés en tenues étanches au gaz et aux liquides. Sur le site, il y a eu également des équipes de grimpe. Une équipe armée jusqu'aux dents de différents matériaux (matériel individuel, collectif et d'amarrage). Après un exposé de haut niveau, les journalistes ont assisté à un sauvetage des personnes, victimes de noyade. Les plongeurs ont utilisé différentes barques, à fond plat et pneumatiques. Au retour sur site, les organisateurs ont expliqué les avantages du poste de commandement. « Le poste opérationnel est un poste qui répond à n'importe quelle situation de désastre ou de crise », a indiqué le comandant Achour. Il ajoute que depuis 2005, « on a pensé à constituer des groupes autonomes, soit sur le plan restauration, logistique ou matériel et même pour spécialiser les gens. C'est également pour tester les capacités opérationnelles spécialisées à n'importe quel moment ». Le directeur de la Protection civile de la wilaya, le colonel Dahmane Chelihi, a indiqué que « les désastres n'avisent pas, c'est pour cela que le programme a été effectué d'une manière inopinée. Nous sommes censés calculer le timing : la wilaya sinistrée intervient en premier lieu ensuite les wilayas limitrophes, puis d'autres wilayas ». Effectivement, cet exercice est imprévu. La majorité des 1 320 pompiers dépêchés sur Loutaya ne savaient même pas qu'il s'agissait d'une simulation jusqu'à leur arrivée sur site. « Durant le déplacement, je me suis accroché à la radio, mais rien n'a filtré dans ce sens », a indiqué un jeune pompier venu de Guelma. « SANS TRANSMISSION EFFICIENTE, NOUS RESSEMBLONS À DES AVEUGLES » « La remontée de l'information du terrain au poste de commandement est très efficace pour prendre les décisions. Pour gérer cette information, il faut qu'il y ait toute une organisation », a indiqué le commandant Ben Zidane Karim avant d'ajouter que « nous utilisons la nouvelle vision de la PC qui est la Gestion des opérations et commandement (GOC) chapeauté par le directeur des secours ».Plus explicite, le commandant a indiqué que « tout ce qui se passe sur le terrain est schématisé au Poste de commandement en temps réel, minute par minute. Toutes les informations doivent transiter obligatoirement par le PC. C'est un outil d'aide à la prise de décision adéquate ». Le PC est appelé à assurer plusieurs missions et à la tête de chaque département un officier de renseignement pour la cueillette des informations à partir de la base et un officier moyen pour gérer les moyens et les dispatcher, des officiers opérateurs qui sont en contact avec la base et ses supérieurs, via la transmission. Sur ce sujet précis, le sous-directeur des liaisons et des communications au niveau de la DGPC, Hakem Redouane, a indiqué que sur le plan des transmissions, « nous ne devons pas compter sur les réseaux existants dans ce genre de situation. La Protection civile possède son propre réseau de communication ». Selon ses propos, la Protection civile a mis en place un nouveau système composé de deux canaux à travers lesquels ses éléments travaillent efficacement. « Sur le terrain, chaque équipe a sa propre fréquence pour la remontée de l'information au niveau du PC. Le trafic au niveau de ce poste se fait d'une manière plus allégée et plus développée pour une efficace coordination ». Et pour transmettre toutes ces informations à la direction générale, un autre réseau radio et un autre réseau satellitaire sont utilisés, tout en précisant que ce dernier est « utilisé comme dernier recours ». Les catastrophes sont également gérées à travers des images satellitaires. Le capitaine Kaffous M'Rizek, responsable du système info-géographique au niveau de la Direction générale, a indiqué que ces images « nous permettent de connaître l'ampleur de la catastrophe en temps réel, soit quelques minutes après la catastrophe ». Sur les lieux, un observateur français venu spécialement pour l'évaluation, a affirmé que même la France ne possède pas un tel matériel et une telle organisation.