Nos stades sont-ils, désormais, devenus synonyme de violence ? Si l'on se réfère aux événements récents qui ont caractérisé la scène footballistique, on serait tenté de le croire. Pourtant, en dépit du fait que le constat ne souffre aucune équivoque -les statistiques des services de sécurité l'attestent-, il n'en demeure pas moins que la question qui reste en suspens c'est de savoir comment éradiquer, ou du moins juguler le fléau. Pour ce faire, il faudrait, cependant, impérativement situer l'origine de cette violence. A ce titre, il est important de noter que ce phénomène a pris naissance au début de la décennie 90, au moment où la société subissait une transformation radicale sous la double pression des ajustements structurels et du terrorisme barbare. Les nouvelles conditions économiques charriant leurs lots de licenciements et d'entreprises dissoutes ont grandement paupérisé de larges couches de la société, alors que l'islamisme armé banalisait la violence. Première victime de cette mutation, la famille. D'une famille traditionnelle, nucléaire, on est passé à une famille éclatée où l'autorité du patriarche s'est, peu à peu, effilochée. Il est judicieux dans cet ordre d'idées de relever que la décade 80, où l'Algérie jouissait d'une bonne santé financière et où les jeunes avaient un éventail d'activité ludiques à leur portée, s'est illustrée comme celle ayant enregistré le moins d'actes de violence dans nos arènes sportives. A cette époque, l'Europe, pour ne citer que ce continent, et plus particulièrement la Grande-Bretagne, découvrait avec effarement les méfaits du hooliganisme qui atteindra son paroxysme lors de la finale de la coupe d'Europe des clubs champions avec le « drame du Heysel ». L'économie du Vieux continent était alors en pleine récession et la main de fer de Margaret Thatcher avait contraint au chômage des milliers de jeunes de Liverpool et de Manchester. On serait tenté de croire que les mesures coercitives initiées, à l'époque, par les Européens sont à l'origine du recul de la déferlante-hooligans, mais ce serait ignorer, qu'en parallèle, les économies de ces pays ont connu un retour de la croissance, d'où un meilleur niveau de vie des citoyens. C'est dire que vouloir comprendre, aujourd'hui, la violence en la confinant à l'espace fermé du « carré vert » serait une analyse incomplète. La violence est, présentement, dans toute la société. Dans la famille, à l'école et dans la rue. Et ce ne sont sûrement pas les huis clos répétitifs, encore moins les amendes ou l'irréaliste idée de ficher les supporters qui inverseront la tendance. La lutte contre la violence, en plus des campagnes de sensibilisation, doit être multisectorielle. Jeunesse et Sports, Economie, Intérieur, Emploi, Culture, Affaires religieuses... autant de départements qui se doivent de coordonner leurs actions. Les jeunes ont, aujourd'hui, besoin de travail, de meilleures conditions sociales, d'espaces de détente et surtout d'être écoutés. C'est pratiquement une opération « jeunesse 2000 » bis qui s'impose. Ce n'est qu'à ce « prix » que l'on fera reculer la violence dans les stades, mais aussi dans tous les autres espaces de la vie quotidienne.