Salva Kiir, le président sud-soudanais, a ordonné à ses troupes de se retirer de Heglig, la zone pétrolière contestée dont elles s'étaient emparées le 10 avril dernier. Ce retrait, qui prendra « trois jours », affirme Barnaba Marial Benjamin, le porte-parole du gouvernement sud-soudanais, « ne préjuge pas du fait que notre position est que Panthou (nom sud-soudanais de Heglig) reste une partie intégrante de la République du Soudan du Sud ». Comme pour « créer un environnement favorable à la reprise du dialogue », Kiir, qui aurait décidé ce retrait, dit-il, par respect aux « appels répétés » du Conseil de sécurité et des dirigeants de la communauté internationale, suggère à Omar el Béchir de soumettre le statut des zones frontalières contestées, dont Heglig, initialement contrôlée par Khartoum, et Abyei, l'autre région pétrolifère, à un arbitrage international. Des « positions » à mille lieues de ce qu'il affirmait mi-avril. Comme celles de ne jamais ordonner le retrait de ses troupes de Heglig avant d'énumérer une sérié de conditions à ce retrait de la zone (démilitarisation et départ de l'armée soudanaise d'Abyei). Les Nations unies et l'Union africaine, qui ont jugé « illégale » la prise de Heglig par l'armée de Juba et condamné son « occupation », laisseront-elles faire Kiir ? Pas sûr. Même si les leviers de commande sont aux mains de Juba qui souhaite une « pause » dans les négociations en cours à Addis-Abeba menées par l'Union africaine et un « engagement international plus fort ». Omar el Béchir, qui a promis la semaine passée, de reprendre « par tous les moyens » Heglig, serait passé à l'acte ce week-end. Son armée a repris, « par la force », précise Abdelrahim Mohammed Hussein, son ministre de la Défense, le contrôle de la région productrice de pétrole et fait subir « de lourdes pertes humaines et matérielles » à l'ennemi. La communauté internationale craint une nouvelle guerre ouverte entre les deux voisins. La mission de la paix Union africaine-Nations unies au Darfour dit craindre une exploitation des affrontements Nord-Sud par des rebelles. Et de cette province de l'est du pays et de ceux du Nil Bleu et du Kordofan-Sud, deux Etats frontaliers. La Ligue arabe tiendra jeudi prochain une réunion d'urgence des chefs de diplomatie sur « la brusque aggravation de la situation au Soudan » à la demande de Khartoum et ce afin d'« évaluer la récente agression » de Juba. Après une guerre pour la partition qui a duré 23 ans, les deux pays se feront-ils une guerre pour le pétrole ? El Béchir prend ses devants. Il a envoyé jeudi Mostafa Osmane, son conseiller à Addis-Abeba, pour dire à Meles Zenawi, le Premier ministre éthiopien, et Ramtane Lamamra, commissaire paix et sécurité de l'Union africaine, que sa « patience a des limites ». Et sur Heglig et sur Abyei où le Soudan du Sud garde encore 700 militaires au mépris de ses engagements et des 4.000 Casques bleus éthiopiens.