Le président sud-soudanais, Salva Kiir, a finalement ordonné à son armée de se retirer de la zone pétrolière contestée de Heglig, dont elle s'était emparée le 10 avril. La prise par l'armée sud-soudanaise de cette zone frontalière, où se trouve le principal champ pétrolier du pays, a ravivé les tensions entre les deux Soudans, ouvrant la voie à des scenarios catastrophe. La situation a donné lieu aux affrontements les plus violents entre les deux voisins depuis que le Soudan du Sud a pris son indépendance en juillet 2011, à l'issue d'un référendum prévu dans le cadre de l'accord de paix mettant fin à la guerre civile. Le président soudanais, Omar Al-Béchir, se veut intransigeant avec un Etat qui a choisi la séparation. Omar Al-Béchir s'est engagé à «libérer» les Soudanais du Sud du Splm, le Mouvement populaire de libération du Soudan, au pouvoir à Juba depuis juillet. Cette décision de retrait «ne préjuge pas du fait que notre position sur Heglig reste une partie intégrante de la République du Soudan du Sud», a tenu à préciser le gouvernement du Sud. Heglig, appelé Panthou dans le Sud-Soudan, était initialement contrôlée par l'armée du Soudan, mais le Soudan du Sud affirme que la zone, située à la frontière non démarquée et dont plusieurs parties sont revendiquées par les deux voisins, fait partie de son territoire. Le président sud-soudanais explique le retrait par une réponse aux appels en ce sens du Conseil de sécurité de l'ONU pour «créer un environnement favorable à la reprise du dialogue avec le Soudan». Juste après la prise de Heglig, Khartoum avait affirmé qu'elle reprendrait «par tous les moyens» cette zone stratégique, qui représente la moitié de sa production de brut. Depuis que le Soudan du Sud a proclamé son indépendance, récupérant les trois quarts des réserves pétrolières du Soudan d'avant la partition, la tension est à son comble et les deux Etats se regardent en chiens de faïence. Une véritable logique de guerre caractérise désormais les deux Soudan. L'armée sud-soudanaise affirme avoir repoussé plusieurs offensives soudanaises sur Heglig. Les combats, à l'odeur de pétrole prononcée, ne connaissent pas de répit dans cette zone contestée. Le président Omar Al-Béchir a promis de «donner une leçon par la force» au Soudan du Sud, qui officiellement dit ne pas souhaiter la guerre, sans pour autant retirer ses troupes de la zone pétrolière contestée. La situation sécuritaire reste précaire dans ce territoire partagé en deux Etats. Le Conseil de sécurité de l'ONU a évoqué l'éventualité de sanctions contre le Soudan et le Soudan du Sud pour les convaincre de sortir de ce morbide face à face. L'ONU, l'UA, les Etats-Unis et l'Union européenne exigent depuis plus d'une semaine le retrait des troupes sud-soudanaises de Heglig et la fin des raids de l'aviation soudanaise au Soudan du Sud. M. B./Agences