Le président sud-soudanais, Salva Kiir, a annoncé avoir ordonné à son armée de se retirer dès ce vendredi (hier) de la zone pétrolière contestée de Heglig, dont elle s'était emparée le 10 avril. «La République du Soudan du Sud annonce que les troupes de la SPLA (armée sud-soudanaise) ont reçu l'ordre de se retirer» de Heglig, a déclaré le porte-parole du gouvernement sud-soudanais, Barnaba Marial Benjamin, donnant lecture d'un communiqué présidentiel lors d'une conférence de presse dans la capitale Juba. «Un retrait ordonné va commencer immédiatement et devra être terminé dans les trois jours», a précisé Salva Kiir dans ce communiqué. Cette décision de retrait «ne préjuge pas du fait que notre position est que Panthou (nom sud-soudanais de Heglig, ndlr) reste une partie intégrante de la République du Soudan du Sud», selon le texte. Heglig était initialement contrôlée par l'armée du Soudan, mais le Soudan du Sud affirme que la zone, située à la frontière non démarquée et dont plusieurs parties sont revendiquées par les deux voisins, fait partie de son territoire. Le président sud-soudanais assure dans ce communiqué que le retrait a été décidé après les appels en ce sens du Conseil de sécurité de l'ONU et de plusieurs dirigeants de la communauté internationale, ainsi que pour créer un environnement favorable à la reprise du dialogue avec le Soudan». Khartoum avait affirmé depuis la prise de Heglig qu'elle reprendrait «par tous les moyens» cette zone stratégique, qui représente la moitié de sa production de brut, depuis que le Soudan du Sud a, en proclamant son indépendance en juillet 2011, récupéré les trois-quarts des réserves pétrolières du Soudan d'avant la partition. L'armée sud-soudanaise avait affirmé avoir repoussé jeudi soir une offensive soudanaise sur Heglig. Selon plusieurs sources dans la zone frontalière, les combats se poursuivaient hier dans la région contestée Par ailleurs, la mission de la paix Union africaine-Nations Unies (Minuad) au Darfour a dit craindre hier que les rebelles de cette région de l'ouest du Soudan en guerre civile n'exploitent les tensions meurtrières entre Juba et Khartoum. Le chef de la Minuad Ibrahim Gambari réagissait à trois attaques rebelles séparées au Darfour mardi dernier. «Dans le contexte des tensions constantes entre le Soudan et le Soudan du Sud, je suis très inquiet du fait que des mouvements armés ne cherchent à déstabiliser le Darfour», a-t-il dit dans un communiqué. Il a estimé que de telles actions pourraient porter atteinte aux efforts de paix après un accord signé l'année dernière à Doha entre le gouvernement et une coalition de petites factions rebelles. «J'appelle de nouveau les mouvements armés à abandonner leur logique de guerre et à rejoindre le processus de paix pour le salut du peuple du Darfour», a indiqué M.Gambari. Cette déclaration intervient alors que les deux Soudans semblent au bord d'une nouvelle guerre depuis que les forces sud-soudanaises ont pris, le 10 avril, la zone frontalière de Heglig, située dans l'Etat soudanais du Kordofan-Sud, où se trouve un important champ pétrolier. Jeudi, le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), le plus militarisé des groupes rebelles du Darfour, avait annoncé avoir pris deux postes militaires soudanais à une quarantaine de kilomètres au nord de Heglig. L'année dernière, le JEM et plusieurs mouvements du Darfour avaient créé un front commun avec des rebelles du Kordofan-Sud et de l'Etat voisin du Nil Bleu, pour renverser le régime de Khartoum, accusé de ne pas représenter la diversité du pays.