Le maréchal Hussein Tantaoui, son président, a ratifié l'amendement à la loi électorale, approuvé par le Parlement le 12 avril dernier. Cet article, proposé par la majorité des forces politiques, interdit « à tout président de la République, vice-président, Premier ministre, président du Parti national démocrate dissous, secrétaire général ou membre de son bureau politique » ayant occupé un poste pendant les dix ans précédant le 11 février 2011, date de la démission sous la pression populaire de l'ancien président Hosni Moubarak, d'exercer des droits politiques. Ahmed Chafiq, le dernier chef de gouvernement de Moubarak, sera-t-il exclu de l'élection présidentielle, dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai ? Une partie de la réponse à cette question pourrait être donnée demain, date de la publication officielle par la commission électorale de la liste définitive des candidats à la présidence. Amr Moussa, 75 ans, l'ancien SG de la Ligue arabe, qui a une cote de popularité de 32%, selon un sondage réalisé par Al Ahram, apparaît comme le rival le mieux placé des deux candidats islamistes, Mohamed Morsi, le chef du Parti de la liberté et de la justice, la vitrine politique des Frères musulmans, et Abdelmoneim Aboul Fotouh, l'islamiste modéré exclu l'an dernier de la confrérie. Sera-t-il de facto, après l'élimination de la candidature de Omar Souleimane, l'ex-patron des renseignements égyptiens et celle « annoncée » de Ahmed Chafiq, le candidat du CSFA et des libéraux-démocrates qui craignent une « islamisation » du pays ? « Je pense que l'Egypte a été blessée et mal gérée, et qu'elle ne doit pas devenir l'objet d'une expérimentation qui n'a pas encore été tentée et qui nous ferait entrer dans une nouvelle période de confusion », dit-il. Amr Moussa a annoncé dimanche qu'il créerait en cas de victoire un Conseil national de sécurité qui permettrait à l'armée actuellement au pouvoir de conserver un rôle politique dans le pays. Ce conseil qui sera sous sa présidence, comprendrait, dit-il, des responsables civils et militaires. Il examinerait toutes les questions qui touchent à la sécurité, dit-il. « Pas seulement les questions de défense, de guerre, etc., mais des questions sur l'eau, sur les relations avec les pays voisins », précise-t-il. Ce « conseil national de sécurité » à l'américaine serait-il une réponse à la « rhétorique anti-israélienne croissante » ? IL MENACE ISRAËL Depuis la chute de Moubarak, les relations entre Israël et l'Egypte battent de l'aile. Notamment depuis l'incident frontalier au Sinaï qui a occasionné la mort de soldats égyptiens en août 2011 et la coupure des robinets de gaz qui a « jeté une ombre sur les accords de paix et les relations pacifiques entre l'Egypte et Israël », selon le ministre israélien des Finances Yuval Steinitz. Avec l'avènement des islamistes au pouvoir, certains experts se demandent si le traité de paix de 1979 résistera. Israël qui a lancé au printemps dernier des travaux de construction d'une barrière de sécurité le long de sa frontière désertique avec le Sinaï et déconseillé à ses ressortissants de se rendre en Egypte, semble avoir pris ses devants. « La question égyptienne est un danger plus préoccupant que l'Iran », aurait affirmé dans une réunion le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, suggérant à Netanyahou de renforcer le commandement sud de l'armée israélienne par trois divisions. La réplique égyptienne ne s'est pas fait attendre. « Si quelqu'un s'approchait des frontières de l'Egypte, nous lui casserons la jambe », lui répond Tantaoui avant le début des manœuvres de la 2e armée stationnée au Sinaï.