Clairement, il fut alors question de donner une dimension politique universelle à la Déclaration de Windhoek (Namibie) qui préconise notamment que « la création, le maintien et le renforcement d'une presse indépendante, pluraliste et libre sont indispensables au progrès et à la préservation de la démocratie dans un pays ainsi qu'au développement économique ». Cet appel à une presse libre et indépendante, comme outil de consécration de la démocratie et du développement d'un pays, trouve son inspiration directe dans l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme ainsi formulé : « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. » La commémoration de cette journée est à chaque fois une opportunité de mettre en exergue les acquis de la presse dans son combat au service de l'information du citoyen. Les thématiques retenues cette années tant par les Nations unies que par l'Unesco, à cette occasion, illustrent concrètement les défis auxquels sont confrontées les professions de presse dans l'exercice de leurs métiers de recherche, de collecte, de traitement et de mise à disposition de l'information. En tête des préoccupations inscrites en commémoration de l'édition de cette année, l'Unesco pointe du doigt l'éternelle question du droit des journalistes d'accéder aux sources d'information. En la matière, le législateur algérien a bien pris compte de cette préoccupation en inscrivant, dans la loi organique relative à l'information, l'obligation aux institutions publiques de permettre l'accès du journaliste à l'information et en consacrant le principe du libre accès du journaliste à l'information, exception faite des situations où : L e second thème inscrit à la commémoration par l'Unesco traite de la liberté des médias auxquels il est attribué un pouvoir de transformer les sociétés. A la pointe de tous les combats pour l'émancipation de la société humaine, les médias ont effectivement un poids social indéniable dès lors que le contexte politique leur offre toute latitude de s'ériger en source d'inspiration et de référence pour l'opinion publique. La préservation de cette fonction sociale et politique éminente n'est pas des plus aisées tant l'évolution politique et économique de l'environnement des médias engendre des pressons et interférences de plus en plus difficiles à contenir. Le temps des pressions politiques directes sur la gestion et le fonctionnement des médias étant de moins en moins probable, ce sont de nouvelles formes de sollicitations économiques et financières qui prennent le relais dans de véritables OPA (offres publiques d'achat) à peine dissimulées, encouragées en cela par les difficultés structurelles qui sapent le modèle économique des la plupart des médias. L'organisation onusienne invite, en dernier point, à une réflexion sur les nouveaux défis induits par le nouvel environnement des médias. Un vaste chantier pourrait-on dire au regard des enjeux multiples que doit affronter la presse. Au plan politique d'abord, avec le nouvel ordre né de l'après-Septembre 2011 ; la plupart des pays, à leur tête les Etats-Unis d'Amérique, ont vite fait de franchir le pas de la restriction de pans entiers du libre exercice des journalistes au motif de la lutte contre les activités terroristes ; le droit d'accès aux sources d'information s'en est ainsi trouvé parfois restreint de même que le droit, pour ne pas dire le devoir, de protection des sources d'information. L'autre défi est économique et tient au bouleversement des modèles économiques en vigueur jusque-là dans le monde des médias. L'explosion de l'offre des supports, notamment dans le domaine audiovisuel et la raréfaction des opportunités de financement publicitaires, ont fini par remettre en cause un modèle qui a longtemps assuré la survie d'entreprises de presse, indépendantes et libres. Le bouleversement est perceptible dans le monde de la presse écrite où des titres réputés solides ont été contraints de mettre la clé sous le paillasson ou de migrer vers le cyberespace, dans des versions électroniques à l'avenir encore plus incertain. Ce cyberespace qui justement apporte son lot de défis et de distorsions au monde des médias traditionnels, d'abord en tant qu'entreprise dont les règles de fonctionnement ont été complètement bouleversées, et puis comme professions journalistiques complètement bouleversées par l'avènement de nouvelles pratiques et de nouveaux modes de collecte, de traitement et de diffusion de l'information, imposées par les nouvelles technologies et notamment par le réseau Internet. C'est peut-être là que, pour la presse, pourrait se trouver la planche : savonnée ou de salut ? A voir.