Ce 3 mai, le monde célèbre la Journée mondiale de la liberté d´expression et de la presse. Qu´en est-il en Algérie où cette notion de «liberté d´expression» reste un concept abscons sans impact immédiat sur la libre circulation de l´information? L´information! Informé a, de tout temps, été un enjeu de pouvoir, d´autant que le détenteur et producteur de l´information exerce un monopole certain sur le droit du citoyen à être correctement informé. La connotation politique, donnée à l´information en Algérie, prive ainsi le citoyen de son droit à l´accès à l´information. L´article 19 de la Déclaration universelle des droits de l´homme de l´ONU, stipule que «la liberté d´expression est un droit humain fondamental». On peut longtemps ratiociner sur ce concept de «liberté d´expression», il n´en demeure pas moins qu´en Algérie celle-ci, telle qu´énoncée par les textes fondamentaux de l´ONU, est loin d´être évidente ou la mieux partagée. Rappeler ce principe en cette Journée mondiale de la liberté de la presse, montre aussi le chemin à parcourir pour parvenir à l´universalité de la liberté de dire et de pensée. Aussi, les professions de foi ne sont que ce qu´elles sont, lorsqu´elles ne sont pas suivies d´effets et ne garantissent pas l´accès des citoyens à une information fiable et impartiale. Ce qui n´est pas toujours le cas. L´exemple le plus probant est encore la manière de communiquer des pouvoirs publics, comme vient de le montrer le ministère de la Santé à propos de la grippe porcine qui mobilise l´ensemble des médias de la planète. Le ministère justifie l´absence de communication par son souci de ne pas «semer la panique» parmi la population, quand cette dernière, par le biais des médias lourds internationaux, est déjà au fait de ce qui agite depuis quelques jours la planète, y compris les spéculations autour de l´Algérie sur cette question. En réagissant à contre-courant de cet événement mondial, les pouvoirs publics ont largement montré les limites d´une information contrôlée, livrée au compte-gouttes et à contretemps. Or, l´information et l´accès à l´information sont garantis par la Constitution. Etre informé, avoir accès à une information exacte, permet au citoyen de participer à la vie politique, culturelle économique et sociale du pays et assurer dans le même temps le pluralisme d´opinion sans lequel la démocratie ne saurait être qu´un ersatz de la liberté de dire et d´entreprendre. De fait, ces libertés resteront sujets à caution tant que perdure le monopole qu´exerce l´Etat sur les médias lourds, aujourd´hui fermés à une opinion politique plurielle. La radio et la télévision demeurent ainsi un vecteur-clé de la démocratie dans la mesure où ils donnent au citoyen, par une information crédible, d´être au fait d´enjeux le concernant en tout premier lieu. Aussi, l´existence de médias libres, pluralistes et indépendants renforce et pérennise la liberté d´expression laquelle ne peut être que plurielle. C´est dans ce contexte que l´Unesco marque la Journée mondiale de la liberté d´expression par une conférence (à Doha au Qatar, hier et aujourd´hui) placée sous le signe du dialogue et de la compréhension mutuelle. Ce colloque, expliquent ses organisateurs, «repose sur l´idée que seuls des médias libres contribuent (...) au dialogue et à la réconciliation entre parties antagonistes». Pour ce faire, est-il noté, «seul un média libre, (...) dynamique, indépendant, pluraliste, inclusif et équitable, dont la rédaction est libre et à l´abri de la censure et des influences d´intérêts politiques, économiques ou autres, peut intrinsèquement contribuer au dialogue et à la compréhension qui transcendent les barrières». C´est dire le chemin encore à parcourir pour fonder, en Algérie, une presse libre en conformité avec le droit des Hommes.