Réconforté par le taux de participation à ce scrutin qu'il a qualifié d'emblée « d'exceptionnel », le ministre a affirmé que ce scrutin constitue un printemps démocratique algérien authentique qui a permis de consolider l'unité nationale. Le peuple a relevé, selon lui, « un défi majeur » en confirmant « sa volonté de prendre en main son destin en toute responsabilité et en toute liberté ». « Ces élections traduisent, enchaîne-t-il, un choix souverain du peuple » qui s'est opéré dans un climat remarquablement serein et paisible. Preuve en est, dira-t-il, les images diffusées par toutes les chaines de télévisons à l'échelle internationale qui en font foi. A cela s'ajoute la présence des observateurs étrangers et des encadreurs des partis politiques en lice. Cela constitue, pour lui, « un gage que l'administration n'avait rien à cacher ». Daho Ould Kablia n'a pas omis cependant de rappeler les incidents qu'il qualifie « d'insignifiants » ayant émaillé cette opération électorale, estimant qu'il est tout à fait normal d'avoir de petits dépassements, compte tenu du nombre de candidats dépassant les 25.000 postulants. FLN, LE GRAND GAGNANT Passant aux résultats qui sont nettement « meilleurs » que ceux de 2007, le ministre de l'Intérieur a annoncé que le FLN a été le grand gagnant de ces joutes, étant donné qu'il a glané 220 sièges dont 68 femmes, sur les 462 à pourvoir, loin devant le RND avec 68 sièges, dont 23 femmes, alors que l'Alliance de l'Algérie verte vient en troisième position en obtenant 48 sièges, dont 15 femmes. Le FFS a décroché 21 sièges, talonné par le PT avec 20. Petite surprise pour ces élections avec l'émergence des Indépendants qui ont obtenu 19 sièges. Le FNA de Moussa Touati et le FJD d'Abdellah Djaballah ont remporté respectivement 9 et 7 sièges. Le MPA de Amara Benyounès a, quant à lui, obtenu 6 sièges, suivi d'El-Fadjr El-Djadid de Tahar Benbaibeche (5 sièges), du Front du changement (4 sièges), du Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD) et du Rassemblement algérien avec 4 sièges chacun. Le Front national pour la justice sociale, Ahd54, l'Union des Forces démocratiques et sociales (UFDS) et l'Alliance nationale démocratique (ANR) ont décroché 3 sièges chacun. Ils sont suivis du Front El-Moustakbal, le MNE, le RNR, le MCL, le Parti Ennour algérien, avec 2 sièges chacun. Le parti El-Karama, le parti du Renouveau algérien (PRA), le Mouvement El-Infitah, le Front national des indépendants pour la concorde et le Front national démocratique ont obtenu, quant à eux, 1 siège chacun. Sur les 462 sièges à pourvoir, 145 femmes ont remporté la bataille, avec un taux de 31,39%. Daho Ould Kablia a tenu à préciser que les résultats officiels seront connus dans dix jours après leur validation par le Conseil constitutionnel qui devra étudier tous les recours y afférents. L'ABSTENTION ETAIT PREVISIBLE Se livrant aux questions des journalistes, le ministre de l'Intérieur a indiqué que le taux d'abstention a été de l'ordre de 57,5%, soit 11 millions qui n'ont pas voté. Chose qui était prévisible, selon lui, d'autant plus qu'il ne s'agit pas d'élection présidentielle. Ceci n'est pas le propre de l'Algérie, souligne-t-il, avant de faire savoir que le taux de participation a été quelque peu amoindri par la communauté algérienne établie à l'étranger dont 134 000 ont voté sur les 990.000. Optimiste, il fera remarquer qu'une nouvelle ère s'offre à l'Algérie avec l'émergence d'un bon nombre de nouveaux partis politiques. « Nous sommes à la croisée des chemins. Le chef de l'Etat s'est adressé au peuple qui a vite répondu à l'appel. Le discours du changement ne doit pas être l'émanation du gouvernement seulement. Les formations politiques et la société civile ont un rôle à jouer dans ce sens », dira-t-il. En réponse au représentant de l'Alliance de l'Algérie verte ayant évoqué des cas de fraude, le ministre l'a invitée à introduire des recours auprès du Conseil constitutionnel. LE PEUPLE A ACCOMPLI « UN VOTE REFUGE » Comment explique-t-il le maintien de la même configuration politique suite à ces législatives ? Le ministre a déclaré que le peuple a préféré voter pour les personnes qu'il connaît déjà, en renouvelant la confiance aux partis dont l'ancrage est déjà prouvé sur la scène politique nationale. « En 1991, le peuple a effectué un vote-sanction contre le FLN mais en 2012, il a effectué un vote refuge », lâche-t-il. Invité à commenter les propos du chef de l'Etat ayant déclaré à Sétif que le temps de l'ancienne génération est révolu, et sur l'éventualité de constituer un gouvernement de jeunes et non pas de vieux, le ministre a répondu d'un ton ironique : « Venez me voir, je vous remettrai ma démission car moi aussi je fais partie des vieux ». Daho Ould Kablia a réfuté à l'occasion les propos faisant état d'une éventuelle menace d'ingérence étrangère et d'un printemps arabe, en disant qu'aucune partie étrangère n'a le droit de dicter ses lois à l'Algérie. « Ce n'est pas aujourd'hui qu'une force étrangère nous montrera qu'est-ce qu'il faut faire », réplique-t-il. Concernant l'évaluation de ces législatives, le ministre a affirmé que « seules la satisfaction et la confiance du peuple algérien comptaient », alors que l'avis des observateurs « ne vient qu'en second plan ». AUCUN PAYS NE FOURNIT SON FICHIER ELECTORAL Peut-on dire que l'Administration a réussi le défi de l'impartialité ? Le ministre a répondu en disant que l'Administration a fait preuve d'impartialité du début jusqu'à la fin du scrutin. « L'Administration n'a jamais dit qu'elle avait peur de ces élections. Il faut seulement accepter le choix du peuple », dira-t-il en confirmant que le gouvernement va travailler avec cette nouvelle Assemblée, dont les députés devront se préparer à un nouveau discours pour le changement, qui doit passer par la proposition de nouvelles lois et par plus d'engagement en termes de travail législatif. Pour ce qui est de la polémique suscitée par le vote des militaires, le ministre a déclaré qu'il faut cesser de trouver une différence entre les citoyens et les militaires qui accomplissent en toute liberté, eux aussi, « un devoir patriotique ». Pour lever toute équivoque sur les motivations du refus de fournir aux observateurs étrangers le fichier électoral national, Daho Ould Kablia a signalé : « Je ne connais aucun pays qui permettrait cela », précise-t-il. En guise de conclusion, il a fait savoir que prochainement, son département compte attribuer de nouveaux agréments à six ou sept nouveaux partis politiques.