Ni la force des armes, ni les efforts politiques, encore moins les pressions diplomatiques, n'ont réussi jusqu'ici à résoudre le différend frontalier qui oppose le Soudan à son voisin du sud. Mis devant le fait accompli, après l'évacuation, samedi, de la police sud-soudanaise du territoire d'Abyei - à la veille de l'expiration (demain) du délai accordé par le Conseil de sécurité et l'Union africaine - le gouvernement soudanais pose néanmoins des conditions. Le porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, Al-Obeid Meruh a assuré, dimanche, que son pays retirait ses troupes, « mais pas avant la mise en place d'une administration conjointe avec le Soudan du Sud ». L'accord signé en juin 2011, enjoint, en effet, Khartoum de choisir parmi trois candidats présentés par Juba pour diriger Abyei. Juba doit choisir parmi trois autres présentés par Khartoum pour le poste de vice administrateur. « Le Soudan du Sud a refusé nos candidats. Nous avons accepté les leurs », explique M. Meruh. L'accord prévoit également le déploiement par les deux pays, d'un nombre égal d'observateurs non armés soutenus par des Casques bleus éthiopiens, qui sont actuellement 3.700 répartis dans la région. Le mécanisme de surveillance « n'étant toujours pas en place », « l'ONU ne doit pas être sélective. Elle doit exiger l'application complète du protocole » martèle le diplomate soudanais. Le secrétaire général de l'ONU, Ban ki-moon, ne semble pas voir les choses de la même manière. Tout en saluant le retrait des forces sud-soudanaises, il appelé Khartoum à agir de même. M. Ban n'a pas manqué de sommer les deux gouvernements à se conformer au délai prévu par le Conseil de sécurité pour entamer des entretiens sur tous leurs points de désaccord. La Chine, qui compte d'importants investissements dans les deux pays, tente une médiation pour apaiser les tensions. Son émissaire était, hier, à Khartoum pour convaincre les autorités soudanaises d'évacuer la région d'Abyei, et reprendre langue avec son voisin du sud. M. Zhong Jianhua devait ensuite quitter le Soudan pour regagner la capitale sud-soudanaise, Juba. Par ailleurs, le premier groupe des quelque 15.000 Sud-soudanais bloqués depuis des mois dans des campements de fortune au Soudan, a pris l'avion hier, pour une patrie (Soudan du sud) que nombre d'entre eux n'ont jamais vue.