Le Soudan et le Soudan du Sud poursuivaient mercredi leurs discussions de paix à Addis Abeba sous l'égide de l'Union africaine (UA), en vue de régler leur conflit frontalier concernant notamment la région d'Abyei, au lendemain du retrait de l'armée soudanaise de cette zone. Les négociateurs soudanais Idriss Mohammed Abdel Qadir, et sud-soudanais Pagan Amum, qui conduisent les délégations des deux pays voisins, se sont rencontrés la veille en présence du médiateur de l'Union africaine, l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki, et de l'émissaire américain pour le Soudan et le Soudan du Sud, Princeton Lyman. Parmi les sujets de contentieux entre Juba et Khartoum figurent surtout le tracé de la frontière commune, et donc le sort de zones disputées, ainsi que le partage des revenus pétroliers : le Sud a hérité des trois-quarts des réserves de brut mais dépend entièrement des infrastructures du Nord pour exporter. La délégation soudanaise affirme qu'elle est venue à la nouvelle série de discussions de paix avec une ouverture d'esprit en vue d'un réglement des problèmes non résolus avec son voisin. "Le gouvernement du Soudan tient à réaffirmer (...) sa pleine adhésion à la paix et la stabilité entre les deux pays et dans la région et tient à réaffirmer son attachement au principe de la coextistance pacifique et de bon voisinage", a assuré la délégation dans un communiqué, cité par l'agence de presse soudanaise Suna. Selon les médiateurs, il sera exigé au cours de la réunion à Khartoum et à Juba de respecter leurs accords pérécédents de retirer leurs troupes de la région contestée d'Abyei. La poursuite des discussions entre Khartoum et Juba coincide avec le retrait mardi des Forces armées soudanaises (SAF) de la région disputée d'Abyei, à la demande des Nations unies. Cette information a été confirmée par l'ONU. "La Force intérimaire de sécurité des Nations unies pour Abyei (FISNUA) a confirmé que le retrait des Forces armées soudanaises de la région d'Abyei s'était achevé tard dans la soirée", selon Kieran Dwyer, un porte-parole onusien. Le Centre des médias soudanais, proche des services de renseignements a précisé que l'armée soudanaise s'était déjà déployée hors d'Abyei et elle qu'elle a remis le complexe militaire aux forces de paix de l'ONU. Selon le porte-parole de l'armée, Sawarmi Khaled Saad, "le Soudan a décidé de redéployer ses troupes en dehors du secteur d'Abyei afin d'offrir un bon environnement aux discussions". Le Soudan du Sud avait lui aussi retiré le 10 mai ses 700 policiers de cette zone frontalière. Après de violents affrontements en avril entre les troupes du Soudan et du Soudan du Sud, le Conseil de sécurité de l'ONU avait appelé les deux voisins à cesser les hostilités le long de leur frontière et à reprendre les discussions sur les questions non réglées depuis la sécession du Sud en juillet 2011. En vertu d'un accord de juin 2011, Khartoum doit choisir parmi trois candidats présentés par Juba pour diriger Abyei, tandis que Juba doit choisir parmi trois candidats de Khartoum pour le poste de vice-administrateur. La conquête fin mars par l'armée sud-soudanaise de la région de Heglig, où est situé le plus important puis de pétrole soudanais, a fait déclencher les hostilités entre les deux Etats voisins, avant que les forces soudanaises ne reprennent cette région quelques semaines plus tard après une série de bombardements. Les deux Soudans s'accusent mutuellement de soutenir des groupes rebelles dans les régions frontalières de l'autre. Juba dénonce en outre la poursuite des bombardements en territoire sud-soudanais par l'aviation soudanaise, ce que Khartoum dément. Pour tenter de prévenir une esacalade militaire à Abyei, le Conseil de sécurité de l'ONU a prorogé pour six mois le mandat la force intérimaire FISNUA, selon la résolution 2047. Le conflit entre les deux Soudans sera au centre d'une réunion du Conseil de la Ligue arabe au niveau des ministres des Affaires étrangères le 2 juin à la demande de Khartoum. Cette réunion doit évoquer l'état d'exécution des décisions du conseil du 26 avril dernier relatives à la solidarité avec le Soudan après l'attaque menée par l'Etat du Sud Soudan contre la région de Hedjlidj, selon l'organisation panarabe.