La faune sauvage en proie au braconnage saisonnier des trappeurs de chardonnerets vit-elle son dernier quart d'heure avant l'holocauste de cette population de volatiles ? Sur le massif forestier de Bainem, fief de cet élégant « phénix des bois » dont le ramage ressemble au plumage, on a peine à croire au désastre causé à la biodiversité avec la disparition du chardonneret. Rien ne sera plus comme avant, les chasseurs en ont décidé ainsi pour faire disparaître cette population. Sur toute l'épine dorsale du massif menant jusqu'à Tipasa, la pratique à profusion de la chasse au chardonneret reprend cours en l'absence d'une rigueur pénale sur la protection de cette espèce en voie de disparition. Des jeunes férues de l'élevage d'oiseaux en cage ont la partie belle pour partir à l'assaut des boisseaux et débusquer les nids fraîchement éclos des chardonnerets. Armées de pièges de tireboulette de glue, filet et tout autre attirail de chasse, les braconniers s'essaient à leur morbide stratégie pour rentabiliser leur prise. Ils arrivent à même le soir pour braquer leurs phares sur les arbustes et tétaniser les oiseaux avant leur capture. Autant d'abus et de pratiques follement interdites sont mis à exécution sous l'autel d'un environnement en péril. Un nouveau business mis au jour par une mafia qui arrive même à instaurer tout un marché boursier pour la revente, l'échange et l'accouplement de cet espèce. Pour un jeune chardonneret mâle, la mise à prix et passée de 25.000 à 50.000 DA. Dans le marché de Boufarik des centaines de volières sont exposées avec couple ou single de chardonnerets, il y en a pour tous les prix. Plus de 60%des oiseaux emmaillotés dans les filets meurent avant destination. Les connaisseurs en la matière savent en tirer profit pour requinquer leur captive et leur redonner vie et voix avec des techniques maison et une alimentation très diète : millet, kiwi, gâteau champagne et autre aliment exotique. Une sensibilité que les braconniers n'ont pas, puisque de leur chasse où les techniques sont de plus en plus affûtées et dangereuses pour l'espèce ne tiennent pas compte du danger auquel l'espèce est exposée. A défaut de miracle, des solutions restent à appliquer permettant de sauver l'espèce : réglementer la chasse ou créer les possibilités pour les accoupler en volière. Ce sont là des pistes à explorer.