Son prix peut atteindre les 3000 DA, voire 5000 s'il s'agit d'un spécimen parfaitement dressé au chant en cage. Le marché hebdomadaire des oiseaux, qui se tient régulièrement sur une des places de la ville de Souk Ahras, offre aux amateurs plusieurs espèces avifaunes, notamment les canaris mais surtout les chardonnerets qui attirent des acquéreurs de toute la wilaya. Selon plusieurs marchands et visiteurs du marché, le chardonneret de la région de Souk Ahras, multicolore, frêle et excellent chanteur, est présent dans de nombreux foyers de la ville, de même qu'il sert de fidèle compagnon à de jeunes citadins qui n'hésitent pas à le «promener» dans les rues pour lui faire prendre le soleil ou simplement l'exhiber fièrement. Le chardonneret de Souk Ahras, une espèce endémique, est surtout chassé dans la région de Aïn Snoune, à 30km à l'ouest du chef-lieu de wilaya, à Lakhdaria, Ouled Chebih et Ouled Idriss où il est surtout recherché pour son plumage chatoyant et son chant incomparable. Selon Rabah, 68 ans, un fin connaisseur le chardonneret a toujours été apprécié par les citadins. A Annaba et alentour, on l'appelle «boumzyène» contre «moqnine» du côté de Constantine ou d'Alger. Ce bel oiseau peut vivre de 5 à 11 ans et même 19 ans, en cage s'il est bien soigné. Son prix peut atteindre les 3000 DA, voire 5000 s'il s'agit d'un spécimen parfaitement dressé au chant en cage, un «haqqani» (authentique), comme le surnomment les amateurs dans ce souk empli des joyeux gazouillis de plusieurs espèces. Du temps de la colonisation, le chardonneret de Souk Akras était exporté vers la France. Aujourd'hui, il est menacé de disparition en raison d'une chasse massive et incontrôlée, et sa protection devient urgente et nécessaire...Samir T., jeune amateur de 25 ans, et qui chasse cet oiseau dans la forêt de Guesmia, dans la commune de Hammam Naïl (Guelma), avoue que cette activité lui assure un revenu complémentaire moyen assez intéressant estimé à 12.000 DA par mois environ. Le commerce du chardonneret est ainsi devenu florissant et attire un grand nombre de jeunes chômeurs qui trouvent dans le braconnage des oiseaux, une activité lucrative. Mais ce commerce se développe aux dépens de la survie de cette espèce qui n'est pas épargnée, même au moment de la couvée et de la nidification au printemps, une période durant laquelle la surveillance des forestiers devrait être «assurée plus que d'ordinaire», pense le vieux Rabah. Des jeunes amateurs, inquiets du sort de cette espèce faisant partie du patrimoine biologique et naturel du pays, témoignent que sur 200 spécimens capturés, 7 ou 8 seulement survivent en élevage. Ils considèrent aussi que la chasse au chardonneret doit connaître une trêve de 2 à 4 ans, pour permettre une bonne reconstitution de la population. Les braconniers utilisent la glue et l'alfa pour capturer le chardonneret, une méthode qui contribue malheureusement à le décimer.