Rencontrés au niveau des principales artères commerciales de la capitale, des citoyens ont révélé que le défi de la FAC relevait de « l'impossible ». Les raisons ? Ils sont nombreux à dire que l'Algérien est un consommateur de viande. « Plusieurs appels au boycott lancés auparavant n'ont pas été suivis », s'est rappelé Rachid, fonctionnaire de son état, qui citera comme exemple « la journée sans achats » qui a été lancé le mois d'avril dernier et qui n'a pas eu d'effet sur les consommateurs. « Ce jour-là, les marchés et les superettes étaient pleins à craquer », dira-t-il. Au marché Bouzrina, les quelques consommateurs rencontrés sur les lieux se plaignent de la cherté des produits proposés. Malgré ça, leurs couffins étaient bien garnis. « Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais suivi le mouvement jusqu'au bout, mais avec mes quatre enfants, il m'est impossible de les en priver », s'est désolée Dalila, une mère de famille. Selon cette dame, elle a deux enfants en bas âge qui doivent manger un « steak » mixé avec des légumes au minimum deux fois par semaine. « Les grands préfèrent la dinde, mais les deux petits doivent manger des protéines pour leur croissance », a-t-elle expliqué. Conclusion, cette dame ne peut pas se passer de la viande rouge y compris durant le mois de ramadan. Elle révèle que son époux ne conçoit en aucun cas une chorba sans viande. « Il est le premier à sortir faire les courses durant le mois sacré et la viande figure parmi les aliments de base qu'il exige sur sa table, quel que soit le prix », a-t-elle ajouté. Nombreux sont les consommateurs qui se disent « incapables » de passer un ramadan sans viande, même congelée. D'autres, au contraire, peuvent s'en passer à longueur de l'année. Les prix élevés découragent les petites et moyennes bourses qui se rabattent généralement sur les viandes blanches (poulet ou dinde) dont le prix est plus ou moins abordable. Comme c'est le cas de Ahmed, un enseignant. Père de deux enfants, il dit rarement consommer de la viande rouge. « Mes enfants ne sont pas très portés sur cet aliment », s'est-il félicité. Et d'ajouter : « On se rabat généralement sur le poisson congelé ». Selon Ahmed, le prix de la viande est excessivement cher. Raison pour laquelle cet enseignant à l'université d'Alger encourage le boycott pour obliger les commerçants à revoir leurs prix à la baisse. « Je suis partant et j'encourage cette action particulièrement en faveur de ceux qui ne peuvent se permettre d'approcher cet aliment qui, pourtant, est nécessaire pour la santé », dira-t-il. Cependant, il faut signaler qu'il y a une catégorie de citoyens qui n'ont pas encore entendu parler de cette « opération de boycott de viande rouge ». « Nous boycottons la viande rouge à longueur d'année, dira Ahcène, un quadragénaire. C'est tout juste si on arrive à manger des légumes. Pour gérer les fins de mois, nous sommes contraints de consommer des féculents, et à quel prix aussi ! » De leur côté, les bouchers étaient indifférents à l'annonce de la FAC. Leur unique souci est d'écouler leur marchandise. Athman est un boucher de renom à Aïn Benian. Les prix affichés sur sa vitrine sont identiques à ceux pratiqués au niveau des autres artères. Pour permettre aux petites bourses d'acheter de la viande fraîche, celui-ci propose également la viande rouge importée. « C'est la solution pour garder ma clientèle », a-t-il souligné. Quant à la viande rouge locale, le chevillard explique : « Ma clientèle est sélectionnée et je travaille généralement à la commande ». Au sujet de l'action de la FAC, Athman ne semble pas y trouver d'inconvénients. « Si l'action est largement suivie par les consommateurs, je serais obligé de baisser les prix pour ne pas perdre ma marchandise ». Un boucher à Alger stipule qu'aucune annonce ne lui est parvenue à son commerce. « Advienne que pourra », dira-t-il. Et de poursuivre : « De toutes les façons, mes clients sont des habitués et ne risquent pas de changer leurs habitudes ». Et d'ajouter : « La viande que je propose est de qualité, et la qualité se paie », dira-t-il. Selon le même boucher, au lieu de pointer du doigt les chevillards, il faut revoir la tarification au niveau des marchés de gros. « Deux millions de têtes ovines en Algérie ne suffiraient pas à couvrir la demande des consommateurs », a-t-il expliqué. « Il est impératif de trouver des solutions pour augmenter la production qui permettrait de baisser les prix », a-t-il recommandé. Même constat dans la majorité des boucheries de l'Algérois. Les chevillards ne paraissaient pas surpris. Ils étaient, au contraire, confiants. Pour eux le prix de la viande rouge est fixe. Il est à noter, par ailleurs, que les prix des viandes rouges oscillent entre 830 DA avec os et 1.400 DA sans os pour le bovin. La viande ovine s'affiche, quant à elle, entre 1.100 DA et 1.300 DA/kg. En outre, les prix de gros sont estimés à 850 DA/kg pour la viande bovine et 1.000 à 1.200 DA/kg pour la viande ovine.