La société a été créée en février 2005 par trois employés de PayPal, Chad Hurley, Steve Chen et Jawed Karim6,7. La première vidéo de YouTube est d'ailleurs celle de Jawed Karim où il commente sa visite au Zoo de San Diego8,7. YouTube est un site conçu pour les utilisateurs d'Internet pour partager des clips vidéo. A l'instar des autres Napster.com et Limewire.com, le site utilise un réseau peer-to-peer de partage de fichiers orienté spécifiquement vers la technologie vidéo. Avec un prix abordable des caméras numériques désormais facilement capables de générer des clips vidéo, et la popularité iPod vidéo la technologie, il n'est pas surprenant que YouTube est rapidement devenu une succès story. Le 9 octobre 2006, Google a racheté YouTube pour un montant de $1,65 milliard en nouvelles actions, ce qui constitue la seconde plus grosse opération d'acquisition de Google9 (après DoubleClick en 2007). YouTube a conservé son nom et maintenu les emplois de 67 salariés dont les cofondateurs Chad Hurley et Steve Chen. En mars 2010, YouTube a commencé gratuitement en streaming de certains contenus, y compris les 60 matchs de cricket de l'Indian Premier League. Selon YouTube, ce fut la première dans le monde entier diffusion gratuite en ligne d'un événement sportif majeur. Google product manager Shiva Rajaraman a commenté : "Nous avons vraiment senti que nous avions besoin de prendre du recul et de supprimer l'encombrement." En mai 2010, il a été signalé que YouTube a été au service de plus de deux milliards de vidéos par jour, qu'il a qualifiées de "près du double de l'audience en prime-time des trois principaux réseaux de télévision américains combinés". En mai 2011, YouTube a indiqué dans son blog de la société que le site a été reçu plus de trois milliards de vues par jour. En janvier 2012, YouTube a déclaré que le chiffre était passé à quatre milliards de vidéos streamées par jour. En octobre 2010, Hurley a annoncé qu'il se retirait comme chef de la direction de YouTube à jouer un rôle consultatif, et que Salar Kamangar prendrait la tête de l'entreprise. En avril 2011, James Zern, un ingénieur en logiciel YouTube, a révélé que 30 % des vidéos représentaient 99 % de vues sur le site. En novembre 2011, le Google + site de réseautage social a été intégré directement avec YouTube et le Chrome navigateur Web, ce qui permet des vidéos YouTube à être vus de l'intérieur du Google + interface. En décembre 2011, YouTube a lancé une nouvelle version de l'interface du site, avec les canaux vidéo affichés dans une colonne centrale sur la page d'accueil. Dans le même temps, une nouvelle version du logo YouTube a été introduite avec une teinte plus foncée de rouge, le premier changement dans la conception, depuis octobre 2006. Depuis ses premiers pas, le site a fait du chemin au point d'aligner à l'occasion de son septième anniversaire des chiffres de résultats qui laisseraient rêveurs les meilleures sociétés du net. La plate-forme de diffusion et de partage de vidéos figure aujourd'hui parmi les plus gros poissons du business sur Internet. Selon les estimations de la banque Barclays, le site a dégagé en 2011 1,2 Md€ de chiffre d'affaires, contre 639 M€ en 2010, soit une progression spectaculaire de... 87,5 % ! De quoi donner le sourire à sa maison mère, le géant américain Google qui, en 2006, avait racheté le site créé un an plus tôt par trois employés de Paypal pour un montant, jugé astronomique à l'époque. Il y a sept ans, Youtube, qui diffusait avant tout des vidéos gaguesques postées par ses utilisateurs, affichait 79 M$ de pertes chaque mois... Depuis, les choses ont bien changé. « Leur audience a explosé. En France, 70% des vidéos vues sur Internet le sont sur YouTube », explique Alain Steinmann, le directeur du Journal du Net Une audience dopée grâce à la visibilité apportée par le référencement sur Google, mais aussi par le parti pris de diffuser des programmes de qualité qui fidélisent les internautes : 79 M€ ont notamment été investis pour financer des producteurs aux Etats-Unis, et une opération de ce type va être lancée en Europe. « Ils sont en train d'inventer la télé sur Internet », poursuit Alain Steinmann. Résultat, les internautes passent de plus en plus de temps sur YouTube : quatre minutes par jour en 2011, contre une minute en 2010. Cette montée en gamme, cumulée aux 800 millions de visiteurs mensuels, fait saliver les annonceurs. Les grands groupes déboursent sans ciller 8 € par 1000 messages consultés. « Si l'utilisateur ne clique pas sur l'annonce, YouTube ne le facture pas. C'est la garantie d'une meilleure visibilité, les pubs ne sont pas coincées sur un côté de l'écran comme sur Facebook », décrypte Alain Steinmann. YouTube semble donc avoir trouvé un modèle économique viable en pariant sur un site entièrement gratuit. Une gageure, même si les bénéfices du groupe ne sont pas rendus publics... La plate-forme s'est associée il y a un mois à Ad World, un site pour créer des publicités locales, afin d'attirer les annonceurs locaux qui diffuseront leurs messages dans des zones géographiques très précises. Le tout-gratuit réussit donc à YouTube. De quoi faire taire les rumeurs persistantes sur le lancement prochain d'une plate-forme payante sur abonnement. Il y a cependant un petit revers à cette reluisante médaille du site qui ne cesse de se « cogner la tête » sur la problématique des droits d'auteur. Accusé par des sociétés d'auteurs ou des majors de cinéma de violer leurs droits de protection, YouTube a souvent dû baisser la garde et faire le ménage pour nettoyer ses serveurs de vidéos tout simplement copiées puis mises en ligne par ses utilisateurs. Plutôt que de s'embourber dans d'interminables procès, l'hébergeur a le plus souvent préféré passer des accords avec ses accusateurs. Dernier en date, en droite ligne avec un procès perdu en 2010 par YouTube, celui avec l'Institut national de l'audiovisuel (INA) pour diffuser 57 000 vidéos issues du fonds de l'institution. Néanmoins, deux procès ont récemment remis Youtube sous les projecteurs de l'actualité judiciaire européenne en relation avec la protection des droits d'auteur. En France d'abord, le site a marqué un point contre la chaîne de télévision TF1. Le tribunal de grande instance de Paris a en effet récemment décidé de débouter la chaîne de sa plainte déposée en 2010 contre YouTube pour contrefaçon, concurrence déloyale et parasitisme. En cause : la diffusion par la plate-forme de Google de contenus appartenant à TF1 sans son accord. Les programmes concernés sont la série « Heroes », des extraits de « Grey's Anatomy », « Barbapapa », ou encore « Scary Movie 3 ». Mais le tribunal a déclaré TF1 « irrecevable en ses demandes » et a condamné la chaîne à verser 80.000 euros à YouTube au titre des frais de justice. TF1 réclamait environ 150 millions en guise d'indemnisation de son préjudice. Dans son jugement, le tribunal estime que, pour certains programmes, TF1 ne démontre pas en avoir les droits. Pour ceux qu'il estime recevables (essentiellement des événements sportifs), il rappelle que « YouTube a un statut d'hébergeur » et « n'est en conséquence pas responsable a priori du contenu des vidéos proposées sur son site ; seuls les internautes le sont ». Surtout, la plate-forme « n'a aucune obligation de contrôle préalable du contenu des vidéos mises en ligne ». Pour le tribunal, l'hébergeur n'est tenu responsable « que pour autant qu'il ait eu une connaissance effective du caractère manifestement illicite des vidéos stockées ou de faits faisant apparaître ce caractère ». S'agissant des accusations de contrefaçon de marque, là encore, le tribunal de grande instance considère qu'elles ne sont pas fondées. « Il n'y a aucun usage de marque du seul fait de la présence sur des vidéos mises en ligne par les utilisateurs des logos TF1 et LCI, puisqu'il n'est pas démontré que la société YouTube effectue un usage commercial de ces logos pour l'exploitation de ses produits ou services », souligne le jugement. Quant à la concurrence déloyale et parasitaire qu'aurait exercée YouTube en publiant les vidéos piratées, le tribunal considère qu' « aucun détournement de "paires d'yeux" ne peut être reproché à la société défenderesse ». Par contre en Allemagne, la justice de Hambourg a exigé du site You Tube qu'il efface de ses serveurs des vidéos musicales dont les droits sont protégés sur le territoire allemand. You Tube encourt jusqu'à 250 000 euros d'amende pour chaque vidéo qu'il persisterait à diffuser, mais pouvait encore faire appel de la décision. L'affaire, portée devant les tribunaux par la Gema, organisme de défense des droits des éditeurs de musique, à l'exemple de l'ONDA, en Algérie, concernait douze vidéos au départ et sept à l'arrivée, cinq autres étant depuis devenues introuvables sur le site. Jusqu'en 2009, les deux parties avaient été liées par un accord, non renouvelé par la suite : la Gema, qui souhaitait être payée 12 centimes d'euro par clic, avait été jugée trop gourmande par le site vidéo de Google. Même de portées limitées, les procès intentés au site relève l'ambigüité de la question du respect des droits d'auteur, d'autant que Youtube qui glisse graduellement vers un statut d'opérateur audiovisuel à part entière, a jusque-là été épargné par les coups de hache fulgurants des lobbies d'Hollywood avec lesquels les accords de diffusion s'égrènent l'un après l'autre, comme par hasard !