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« Plus de 20% des accidents sont causés par les conducteurs dont le permis est probatoire » Mohamed Tatachek, sous-directeur de la prévention et de la circulation routière à la DGSN
En dépit du durcissement du code de la route, le bilan des victimes des accidents continue de s'alourdir. Près de 5.000 personnes ont trouvé la mort en 2011. Où se situe la faille, selon vous ? Depuis l'année 1987, le code de la route a connu trois modifications. Il a été rectifié en 2001, 2004 et 2009. Effectivement, le nombre d'accidents est sur une courbe croissante depuis les années 70 jusqu'à 2001 où la nouvelle loi 01-14 a été appliquée. En 2002, la courbe augmente de nouveau jusqu'à 2004 et on a remplacé la loi 01-14 par la loi 04-16. Les cas de retrait de permis ont augmenté de 5 à 34 en 2005. Après son entrée en vigueur en mars 2005, nous avons remarqué que le nombre d'accidents a diminué pour le revoir à la hausse durant les quatre années qui suivirent. En 2009, la loi 04-16 a été remplacée par la loi 09-07 et mise en application le 1er février 2010. Les accidents ont diminué durant cette année en raison de plusieurs facteurs. Il y a les amendes qui sont devenues plus chères, en passant de 400 DA (la plus sévère) à l'amende forfaitaire de 2 000 DA (la moins dure). Il y a l'ouverture de certains axes autoroutiers qui a absorbé, quelque part, la densité de la circulation. Il y a aussi l'effet de l'année de sensibilisation à travers la Radio nationale et les Radios locales. Il y a également le durcissement de la loi. Encore une fois, en 2011, le nombre d'accidents s'accentue de nouveau. Je pense que c'est une question de comportement. Les conducteurs font très attention lorsque la loi est nouvelle, mais une fois entrée dans la routine, ils s'oublient et commettent des erreurs. Logiquement, le nombre d'accidents augmente en fonction de l'augmentation du nombre de véhicules. Est-ce qu'il y a une période de l'année où le nombre d'accidents est plus élevé ? Oui, effectivement. Les mois de juillet et août et le mois sacré (ramadan) sont les plus dramatiques. Du moment que le ramadan est attendu entre juillet et août, cette année, selon notre expérience sur le terrain, on s'attend à plus d'accidents de la circulation et ce qu'ils engendrent par rapport aux années précédentes à la même période. Quelle est la proportion des accidents occasionnés par les nouveaux chauffeurs ? En mai 2012, nous avons enregistré un nombre global de 1667 accidents, et comparativement à la même période de l'an dernier, l'on remarque que ce nombre a diminué de 117 accidents, soit une baisse de 6,56%. Le nombre de blessés a diminué de 2,79% et le nombre de décès a baissé également de 19,40%. De 1.667 accidents de circulation, 337 ont été commis par des conducteurs titulaires de nouveaux permis, soit environ 20,22% des accidents commis en mai 2012, selon les statistiques de la Sûreté nationale. Et en 2011, le nombre d'accidents commis par des conducteurs en possession de permis de conduire probatoire représentait un taux de 25%. Dans ce cas, nous pouvons pointer du doigt la formation au niveau des auto-écoles ? Non, nous ne pouvons pas endosser cette responsabilité aux moniteurs des auto-écoles. Sans aucune intention de les défendre, je pense qu'on a souvent tendance à les condamner à tort, et tout le monde blâme les auto-écoles. A mon avis, ces établissements où l'on enseigne la conduite automobile aux candidats au permis de conduire ont un seul rôle : expliquer le code de la route et comment conduire un véhicule. Une fois le permis de conduire obtenu, la responsabilité de l'auto-école est achevée. Mais pour obtenir cette autorisation de conduire, il y a un certain nombre d'heures qu'on doit passer au volant avec le moniteur ... Je ne suis pas là pour la défense de l'auto-école, mais à mon avis le moniteur ne peut pas être derrière ce nouveau conducteur. La question qui se pose : est-ce que ce conducteur en possession du permis de conduire probatoire va appliquer tout ce qu'il a appris chez le moniteur ou non ? En premier lieu, il est censé avoir appris le code de la route, les plaques de signalisation, la priorité... La suite vient avec le temps : il ne doit en aucun cas dépasser les 80 km/h même sur les autoroutes. Avec cette vitesse, même si on commet un accident, ça serait moins dramatique. En ma qualité de policier, quelqu'un qui a le permis est en mesure de conduire. Je regarde la date de délivrance du permis, j'applique ce que dit la loi. L'acquisition du permis en deux heures, en deux mois ou en deux ans ne m'intéresse pas en tant que policier. Justement, l'autocollant « 80 », doit-on le mettre dans un endroit bien fixe à l'arrière du véhicule ? La loi ne fixe pas l'endroit exact où on doit mettre ce disque « 80 ». Elle recommande à ce que ce disque soit collé à l'arrière d'un véhicule, dans la partie gauche, pas sur le pare-brise et pas sur la plaque d'immatriculation, ni sur les feux de signalisation ou encore sur le feu de stop. Le nouveau permis de conduire n'est pas la seule cause des accidents de la circulation. Il existe d'autres éléments comme la vue chez les personnes âgées. Qu'en pensez-vous ? A cette question, le décret exécutif 04-381 dans l'article 185 détermine les règles de la sécurité routière. La durée de validité du permis de conduire est fixée comme suit : deux ans pour la catégorie F, cinq ans pour les catégories C1, C2, D et E, dix ans pour les catégories A1, A2 et B. La validité du permis de conduire doit être accompagnée d'un certificat médical attestant l'aptitude du candidat, et peut être prorogée par le wali selon le cas pour deux, cinq ou dix ans s'agissant des conducteurs de moins de 60 ans, puis tous les 2 ans pour ceux âgés de plus de 60 ans. Cette durée peut être réduite, si besoin est, pour les catégories C1, C2 et D par arrêté du ministre des Transports. Le agents de l'ordre se rendent compte de l'aptitude de ces personnes en contrôlant la date de délivrance du permis et l'âge du conducteur. Mais est-ce que le conducteur a une bonne vue, c'est le médecin qui est censé répondre à cette question. Le non-respect de la limitation de vitesse est manifeste. Il constitue l'une des causes principales des accidents. L'impunité semble encourager cette tendance. Est-ce que vous avez pensé à mettre en place les moyens techniques de dissuasion ? Concernant la vitesse, nous devons déployer les radars pour détecter les infractions. En ce moment, la Sûreté nationale possède 86 radars répartis sur 47 wilayas. Illizi n'a pas encore de radar. Certes, nous allons acquérir d'autres équipements à l'avenir. Nous avons deux méthodes de travail : il y a des moments où nous dressons un barrage juste après le radar, mais il y a des endroits où nous ne pouvons pas dresser un barrage ou déployer une patrouille en raison de l'encombrement que cela pourrait engendrer. Une fois les véhicules ayant commis des contraventions flashés par le radar, on procède à l'identification du matricule et son propriétaire payera une amende. Dans ces cas, il y a ceux dont les permis de conduire ont moins de deux ans. Pour cette catégorie, on retire le permis de conduire. Nous avons enregistré 29 cas au mois de mai 2012. Comme nous avons 797 infractions liées à la non apposition du disque « 80 ». On parle de l'entrée en vigueur, vers la fin de l'année, du permis à points. Cela va-t-il réduire l'ampleur de l'hécatombe sur nos routes ? Le permis à points est une période transitoire pour supprimer les cas de retrait de permis fonctionnels actuellement de 3 à 6 mois. Mais avec son entrée en vigueur, les cas de retrait de permis demeureront. Je ne veux pas anticiper les choses, mais à mon avis il va y avoir une baisse des accidents, et comme d'habitude, 6 mois plus tard, nous allons enregistrer une recrudescence des accidents du moment que nous n'avons pas encore une stratégie nationale dans laquelle nous fixons nos objectifs. Les Nations unies consacrent la décennie 2011/2020 pour les activités préventives en matière de sécurité routière. Je pense qu'on doit tracer une stratégie nationale à court, moyen et long termes. Il faut vérifier ce que nous avons comme matériel. Pour une baisse de 20% du nombre d'accidents de la circulation, toutes les machines doivent se mettre en marche. Les radars, les alcootests, la prévention routière, les radios, les éducateurs, les mosquées, la mise en place de dos-d'âne..., tous les secteurs doivent y contribuer. Après, on va faire une évaluation pour voir les résultats. Les Suédois ont une « vision zéro » (zéro victime), même s'il y a des accidents, aucune victime n'est enregistrée. Pour arriver à ce stade de réflexion, tous les secteurs doivent y coopérer. Je dis aux jeunes conducteurs qu'on ne devient jamais expert en conduite. Beaucoup de jeunes ont trouvé la mort, car ils se prenaient pour des experts du volant. Quelles sont les procédures quand un étranger fait l'objet d'un retrait de permis ? Pour les étrangers et nos émigrés, nous contactons l'ambassade à travers le ministère des Affaires étrangères pour une notification. Des cas similaires se sont déroulés en Algérie. Les services opérationnels convoquent la personne pour lui donner tous les détails de l'infraction. Cette procédure entre dans la Convention de Vienne.