La Turquie, l'allié le plus proche d'Israël dans la région, hausse le ton. Les prochains bateaux qui partiront pour Ghaza auront des escortes militaires, prévient Recep Tayyip Erdogan qui a explicitement mis en garde Israël de ne pas « se frotter à la Turquie » après l'avoir sommé de libérer les 682 militants humanitaires qu'elle a placés en détention après l'assaut mené par ses commandos contre la flottille. Ahmet Davutoglu, le chef de la diplomatie turque, qui insiste sur la formation d'une commission internationale pour enquêter sur l'acte pirate israélien, n'exclut pas une révision de la nature des relations entre son pays avec l'Etat hébreu. Le ministère de la Justice réfléchit à l'opportunité de lancer des poursuites judiciaires contre Israël. Selon l'agence Anatolie, les autorités examinent le code pénal turc et le droit international pour déterminer l'action à entreprendre contre l'agression israélienne. Entre Ankara et Tel-Aviv, les événements auraient dépassé l'assaut donné à la Flottille de la Liberté. Les Turcs soupçonnent le Mossad d'être l'architecte de l'attaque meurtrière perpétrée contre ses intérêts deux heures avant l'assaut contre la flottille : un commando a attaqué la base militaire navale d'İskenderun (proche de la frontière syrienne) et tué 7 soldats turcs. Le vice-président de l'AKP (parti gouvernemental, démocrate-musulman), Hüseyin Çelik, déclare ne pas croire à une coïncidence. Le nouveau président du CHP (social-démocrate laïc), Kemal Kılıçdaroğlu, qualifie cette concomitance de «significative». Le président du SP (conservateur-musulman), Numan Kurtulmuş, espère que cette simultanéité n'est que le fruit du hasard. En aparté, toute Ankara soupçonne de Tel-Aviv de nourrir, soutenir et armer les kurdes rebelles. De la guerre des mots actuelle, les deux pays passeraient-ils à une vraie guerre ? Dans les villes turques, des dizaines de milliers de citoyens crient «Mort à Israël !», «Soldats turcs, partez pour Ghaza ! D'autres navires, dont l'un est au large de l'Italie, sont en route vers Ghaza. Selon les analystes, la Turquie ne pourra pas ne pas procéder à un réexamen de ses liens politiques, militaires et économiques avec Israël.