Fidèle à sa politique de défiance et ignorant les nombreuses condamnations internationales de son crime contre les humanitaires, l'Etat hébreu a averti, hier, qu'il empêcherait tout bateau humanitaire d'entrer dans les eaux de Gaza. Rien n'y fit, Israël ne se soucie guère des réactions engendrées par l'assaut sanglant contre une flottille internationale qui se rendait à Gaza pour secourir les Palestiniens. Hier, l'Etat hébreu haussait encore le ton en mettant en garde contre toute autre tentative d'envoyer des bateaux à Gaza. Ni l'indignation dans le monde ni l'exigence du Conseil de sécurité de l'ONU pour ouvrir une enquête ne semblent avoir d'effet sur Tel-Aviv. Il a pris la précaution d'élever son niveau d'alerte pour parer à d'éventuels désordres dans les villes arabes israéliennes, après l'appel de la plus importante organisation de la communauté arabe israélienne à une journée de grève et à des manifestations. Israël, qui avait averti qu'il ne permettrait pas de briser le blocus, a accusé les militants d'avoir “déclenché les violences” en attaquant les soldats avec couteaux et barres de fer notamment. Mais les organisateurs du convoi ont affirmé que les commandos avaient ouvert le feu sans justification. Toutefois, un responsable israélien, tout en défendant l'action des soldats qui “ont eu affaire à des voyous”, a reconnu que “les images ne sont pas très bonnes” et qu'“il fallait en tirer les leçons”. Des images du bateau turc, diffusées dans le monde entier, montrent des commandos en noir hélitreuillés, des accrochages avec des militants et des blessés gisant sur le pont. Les journaux israéliens ont fustigé ce “fiasco” israélien. “En ces temps difficiles, nous n'avons pas le Premier ministre, ni le ministre des Affaires étrangères, ni un gouvernement composé dans sa majorité de ministres minables et inutiles, dont Israël a besoin”, fulmine le quotidien centriste Maariv. Après l'assaut, les six bateaux ont été acheminés sous escorte au port d'Ashdod (sud d'Israël). 45 des 686 passagers étaient en voie d'expulsion, selon un responsable. Selon la radio militaire, les passagers sont originaires de 38 pays. Parmi eux, 480 sont pour le moment détenus dans une prison du sud d'Israël et le reste en cours de transfert vers la prison. La Turquie a annoncé l'envoi de trois avions médicalisés pour rapatrier vingt de ses ressortissants blessés. À New York, le Conseil de sécurité de l'ONU, réuni en urgence, a demandé dans une déclaration non contraignante une enquête rapide et impartiale sur l'assaut, ainsi que la libération des navires et civils détenus. Il a aussi condamné “les actes qui ont résulté en la perte de (...) vies humaines et fait de nombreux blessés”. Ceci étant, l'assaut a encore mis à mal les relations entre Israël et la Turquie, jadis allié stratégique. La Turquie a accusé Israël de “terrorisme d'Etat” et rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a accusé hier Israël d'avoir commis la veille un “massacre sanglant”, alors que l'Etat hébreu a appelé ses ressortissants à ne plus se rendre en Turquie. L'assaut plante “le dernier clou dans le cercueil” des relations turco-israéliennes, écrit le journal Turkish Daily News.