La révolte gronde au pays des pyramides où les Frères musulmans cherchent à tordre le cou au Conseil supérieur des forces armées. La raison ? Ils soupçonnent cette instance, qui a dissout la Chambre basse du Parlement et dépouillé le futur chef d'Etat de toutes ses prérogatives exécutives, de s'arroger les pleins pouvoirs. Le CSFA a publié, dimanche, une « Déclaration constitutionnelle » qui lui permet, selon les analystes, de garder le pouvoir législatif et de contrôler tous les verrous institutionnels au nom de « l'équilibre des pouvoirs ». En outre, il précise qu'il garde la haute main sur « tout ce qui relève des forces armées » et s'arroge le « droit de veto sur tout article de la future Constitution qu'il estimerait contraire aux intérêts suprêmes du pays ». Craignant de voir demain la Haute commission électorale proclamer Chafiq vainqueur et l'armée imposer un nouveau calendrier de transition contrariant celui qu'elle a établi au lendemain de la révolution, les Frères appuient les appels à manifester lancés par des organisations de jeunes militants pro-démocratie. Aussi, la place Tahrir a renoué, hier, avec les rassemblements. Le Parlement, que les députés et membres de l'assemblée constituante ont essayé de regagner, hier, malgré l'interdiction lancée par les militaires, aussi. Pour les Frères, Morsi est le premier président de la République élu par le peuple. « On n'acceptera pas qu'il en soit autrement », préviennent-ils. « Nous sommes prêts à aller au bout des mesures légales (...) pour confirmer et prouver que Chafiq est le futur président de l'Egypte », annonce, pour sa part, Ahmed Sarhane, l'un de ses porte-parole. Autre hantise des Frères, même si le CSFA consent, sous la pression américaine, à céder le fauteuil présidentiel à leur candidat, leur victoire sera courte. « Le mandat du futur président, une fois la nouvelle Constitution promulguée, sera court qu'il le veuille ou non », déclare Sameh Achour, le conseiller juridique du CSFA. Le bras de fer Frères-CSFA a commencé. Qui l'emportera avant que le chaos ne s'installe sur les bords du Nil ?Selon la télévision égyptienne, les forces de l'ordre ont saisi, hier, 101 missiles sol-sol dans une cache, dans la province d'Al-Beheira, au nord-ouest du Caire, à mi-distance entre la capitale et Alexandrie.