Le candidat des Fr�res musulmans Mohammed Morsi a revendiqu�, hier, la victoire � l'�lection pr�sidentielle en Egypte, peu apr�s la d�cision de l'arm�e de s'octroyer de vastes pr�rogatives, d�nonc�e comme un �coup� par les adversaires du pouvoir militaire. Mais le camp de son rival Ahmad Chafiq, dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, a assur� qu'il �tait en t�te dans les r�sultats provisoires du scrutin qui s'est achev� dimanche soir, et a accus� les islamistes de chercher � �voler� la pr�sidence. Le site internet du quotidien gouvernemental al- Ahram donnait pour sa part une courte avance de 51% au candidat des Fr�res musulmans. La victoire de M. Morsi, si elle est confirm�e, porterait pour la premi�re fois un islamiste � la t�te du pays le plus peupl� du monde arabe, avec pr�s de 82 millions d'habitants. Cette pr�sidentielle qui a profond�ment divis� le pays et fait redouter de nouvelles tensions �tait la premi�re depuis la chute en f�vrier 2011 de Hosni Moubarak. Le futur pr�sident, quel qu'il soit, disposera d'une marge de man�uvre tr�s r�duite face aux militaires qui dirigent le pays depuis le d�part de M. Moubarak, qui se sont attribu�s de vastes pouvoirs peu avant la fermeture des bureaux de vote. Le Conseil supr�me des forces arm�es (CSFA) a confirm� hier sa volont� de remettre les cl�s de l'ex�cutif au futur pr�sident avant la fin du mois, tout en gardant pour lui le pouvoir l�gislatif et en contr�lant d'autres verrous institutionnels au nom de �l'�quilibre des pouvoirs�. �L'arm�e remet le pouvoir � l'arm�e�, ironisait le quotidien ind�pendant Al-Masri al- Youm. �Un pr�sident sans pouvoir�, titrait un autre journal ind�pendant, Al-Chorouq. La Coalition des jeunes de la r�volution, qui regroupe plusieurs mouvements � l'origine de la r�volte anti- Moubarak, a d�nonc� un �coup anticonstitutionnel� des militaires, qui �ne reconna�tront jamais une volont� populaire qui puisse les contredire�. Le Parti de la libert� et de la justice (PLJ), bras politique des Fr�res musulmans, pr�sid� par M. Morsi, a proclam� sur son compte Twitter qu'il �tait �le premier pr�sident de la R�publique �lu par le peuple�. Selon sa campagne, M. Morsi a obtenu 52% des voix contre 48% pour M. Chafiq, un chiffre non encore officiel mais cit� par la t�l�vision d'Etat. M. Morsi s'est engag� dans une allocution � travailler �main dans la main avec les �gyptiens pour un avenir meilleur, pour la libert�, la d�mocratie et la paix�. Il a aussi promis de �servir tous les �gyptiens� quelle que soit leur ob�dience politique ou religieuse. L'annonce de cette victoire a �t� aussit�t rejet�e par le camp de M. Chafiq, un g�n�ral � la retraite consid�r� comme le candidat de l'arm�e. �C'est un acte de piraterie de revendiquer une victoire en utilisant des chiffres totalement faux�, a d�clar� � la presse Ahmad Sarhan, un responsable de la campagne de M. Chafiq, qui aurait obtenu selon lui 51 � 52% des voix sur la base de chiffres provisoires. Les r�sultats officiels doivent �tre annonc�s jeudi par la Commission �lectorale. Ces tensions et incertitudes politiques ont pes� sur la Bourse du Caire, qui a perdu 3,42% en cl�ture lundi. Dimanche soir, le CSFA a annonc� dans une d�claration constitutionnelle amend�e qu'il exercerait le pouvoir l�gislatif jusqu'� l'�lection d'une nouvelle Assembl�e du peuple, qui pourrait avoir lieu vers la fin de l'ann�e. La chambre des d�put�s, domin�e par les Fr�res musulmans, a en effet �t� dissoute samedi en application d'un arr�t de la Haute Cour constitutionnelle pour un vice juridique dans la loi �lectorale. Le nouveau scrutin ne pourra toutefois pas avoir lieu avant l'adoption d'une nouvelle Constitution, pour laquelle le CSFA s'est accord� un droit de veto sur tout article qu'il estimerait �contraire aux int�r�ts supr�mes du pays�. La d�claration stipule aussi que le CSFA garde la haute main sur �tout ce qui rel�ve des forces arm�es�. M. Morsi, un ing�nieur de 60 ans, a cherch� durant la campagne � gommer son image d'islamiste conservateur pour se pr�senter comme un homme de rassemblement et le seul recours des partisans de la �r�volution � contre un retour de l'ancien r�gime. Ancien commandant en chef de l'arm�e de l'air, M. Chafiq, 70 ans, a fait campagne sur le th�me de la stabilit�, ch�re � de nombreux �gyptiens apr�s plus d'un an d'une transition politique chaotique. Il est soutenu par de nombreux coptes (chr�tiens d'�gypte), inquiets d'une victoire islamiste.