Le colloque d'Adrar sur la bataille du Grand Erg occidental sera aussi un moment fort puisque des témoignages des deux camps, aussi bien parmi les moudjahidine que les parachutistes français, sont prévus, selon le Dr Boulbina, un des organisateurs. Un sous-officier français compte remettre, à titre personnel « 2795 documents manuscrits et 1497 photos aux Archives nationales ». La bataille prouve encore une fois, l'existence d'un front (de l'ALN) dans cette région puisque le soulèvement des méharistes sera appuyé par les responsables de la 5eRégion historique. Ils seront, à ce titre, chargés, par l'adjoint du Colonel Lotfi, Abdelghani Okbi, encore en vie, de mobiliser les populations et de créer une structure de coordination, le Comité des cinq dirigé par Hachemi Mhamed. Le témoignage d'anciens parachutistes a été problématique, des deux côtés, certains officiels français y auraient exprimé leur opposition. Mais les moudjahidine - dont le Dr Boulbina souligne le courage - faisaient savoir qu'ils « n'y voyaient aucun inconvénient, la guerre étant finie depuis 50 ans », disaient-ils. Le témoignage du sergent Cloarec, un des éléments du régiment de Bigeard, à ce colloque, qui aura lieu le 15 octobre sur les lieux de la bataille, sous un grand chapiteau, « sera très précieux en nous apportant beaucoup d'enseignements », expliquent-ils. Il parlera de la combativité de méharistes algériens, qui ont décidé d'ouvrir un front au Sud, dans le Sahara que la France voulait soustraire à la souveraineté nationale. L'histoire commence par une rébellion conduite par un certain Hachemi (Belhachemi selon d'autres versions) qui serait un des descendants de la grande figure de la résistance algérienne, cheikh Bouamama, dont la famille s'est repliée au Sud, dans la région de Tinerkouk. Le colloque sera l'occasion de remise d'effets personnels de soldats algériens morts au combat par d'anciens soldats ou leur enfants qui ont « exprimé leur vœu de participer au colloque d'Adrar », selon le Dr Boulbina Les médias s'intéressent à cette bataille (on parle de la présence d'une équipe de la TV française au colloque). Un documentaire a déjà été produit en 2006 par la télévision algérienne sur cette bataille qui a vu des hommes au combat, au courage exceptionnel « tenir sans eau pendant deux jours par 40 degrés », décimant des bataillons de soldats bien équipés... Il faut savoir que ce n'est pas la seule bataille qui a eu lieu au Sahara, puisque des actes de résistance ont été enregistrés un peu partout, à In Salah, Biskra, et à Oued Souf.Mme Benbraham, juriste, à la tête de l'instance algérienne de lutte contre la pensée coloniale, a considéré que c'est le moment de profiter de ces témoignages pour écrire l'histoire de l'Algérie, car si on ne l'a pas bien fait jusque-là, c'est parce que « nous n'avions pas d'archives ».