De toutes les villes ayant brillé sous le faste andalou, il y a la coquette cité forteresse qui porte un nom à la mesure de sa « hauteur ». Perché sur l'atlas blidéen, Koléa, fief des arts et métiers, retrouve ses marques en cette période estivale pour accueillir les siens, ceux qui marqués par la nostalgie y retournent en pèlerinage pour commémorer le saint patron de la ville, Sid-Ali Embarek, maître soufi et par extension commandeur des métiers. Koléa nous revient cette semaine pour nous livrer ses mille et un trésors chantés par la voix de Cheikh Hocine Bourahla. Le mode musical employé par les gens de Koléa reflète une particularité propre qui dénote l'opulence et la distinction. Les pionniers de cette ville venus de Castille avec à leur tête Sidi Mohamed El Kebir, fondateur de Blida, se sont ensuite repliés sur cette magnifique colline autour d'un noble dignitaire Cheikh Sid-Ali, à qui on attribue le titre de génie en matière d'irrigation des splendides jardins. Sahib El Naara (innovateur de la grande noria) il institua le même système hydraulique castillan pour créer de magnifiques jardins. C'est par le néflier (Ensah) que s'installe Koléa dans la série des grands concepteurs fruitiers. L'histoire de cette coquette ville est liée au génie de ses habitants qui n'ont de cesse contribué à pérenniser coutumes et bonnes manières de la civilisation mauresque. « Nas El Hadra », comme on les appelle, ils ont tout d'un héritage qui brigue le trophée de future capitale arabo-islamique. Aujourd'hui, Koléa sort de ses gonds pour interpeller les esprits et mériter son statut. A la lumière de ses grandes capacités artistique et artisanale, l'heure est venue de réhabiliter cette magnifique citadelle et lui restituer son cachet d'antan. Dans l'allégresse des grands modes musicaux andalous, il y a ce qu'on appelle le tempo « Zidane » (Allegro) cher aux gens de Koléa. Dans cette noria de jouvence, l'eau continue de ruisseler dans la discrète cour de maisons pour mettre en éveil la beauté d'une cité qui plie mais ne rompt guère. Face aux grands défis imposés, l'invocation de Sid-Ali Embarek reste vivace pour maintenir Koléa en éveil.