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Tichy ou le charme terni
Carte Postale
Publié dans Horizons le 25 - 06 - 2012

Quand on quitte Bejaïa pour prendre la route qui, le long d'une côte escarpée, mène vers Jijel, la cité balnéaire est la première halte. Il y a une trentaine d'années, seuls sa plage et le complexe des Hammadites à l'entrée trahissaient son caractère touristique. Elle s'est, depuis, développée autour d'un boulevard cerné de part et d'autre de complexes touristiques, de boutiques d'artisanat, de restaurants. Certains comme Capritour, Club Alloui et plus loin la Grande Terrasse se voulaient des espaces de détente destinés aux « nouveaux riches ». Ils symbolisent toujours des endroits où le commun des mortels a peu de chance d'y séjourner vu les tarif prohibitifs. Au Syphax, pour une demi-pension, un couple doit débourser 10.000 DA par jour. Chacun sait faire des calculs et de préférence se rabattre sur des locations d'appartement qui vont de 40.000 à 100.000 DA mensuels. Incroyable le nombre d'agences immobilières qui fleurissent dans les localités de la côte Est. On y accole des annonces même sur les murs et les abribus.
Tichy s'est dédiée au tourisme, se rangeant dans la catégorie de ces villes qui ne vivent que le temps d'une saison. « On a toutefois la chance d'être situé sur un axe routier important qui mène vers Sétif, Jijel », signale un étudiant. Toutefois, l'été est une saison particulière où le nombre d'habitants triple et le commerce prospère. « C'est vrai que les prix sont un peu plus élevés, mais allez dans n'importe quelle ville du littoral et vous constaterez la même chose », se défend un épicier. Il est vrai que lui, contrairement à ces bicoques baptisées pompeusement fast-food, n'écoule pas la bouteille d'eau minérale à 40 DA ou l'inévitable frite-omelette à 100 DA. Des jeunes louent ces espaces pour 15.000 DA par mois auprès de l'APC ou des autorisations pour louer des parasols et des pédalos. « On s'en sort avec les recettes de l'été car à Tichy, c'est le seul moment où la ville vit ; à partir de septembre il n'y a que le bruit des vagues », plaisante Ahcène. Encore lui est chanceux car il reprendra à la rentrée sa vie d'étudiant comme la fourmi de la fable qui aura travaillé tout l'été.
LA COULEUR DE L'EAU N'A PLUS LE BLEU DU CIEL
Que vient-on chercher à Tichy ? D'abord se prélasser sur le sable d'une longue plage de plus de trois kilomètres. La ville de Tichy n'offre pas d'autres motifs de satisfaction. Elle n'a pas de cachet historique et ne compte pas une grotte comme celle d'Aokas qui attire de nombreux visiteurs. Dans cette dernière ville, le chemin des Crêtes offre également une vue magnifique sur le littoral. Beaucoup de Bejaouis préfèrent pourtant de plus en plus les plages moins polluées de la côte ouest comme Oued Das, Tighremet ou même Boulimat plus proche du chef-lieu de wilaya. « La qualité de l'eau qui avait la couleur bleu du ciel n'est plus la même », confie un habitant du centre-ville venu avec ses deux petits enfants. « Dans le temps, quand je m'accoudais au parapet de la place Gueydon, je ne comptais jamais plus de deux ou trois bateaux dans la rade. Regardez maintenant, une vingtaine sont visibles », soupire-t-il. Il regrette ce temps où adolescent il faisait trempette à Sidi Abdelkader près du port. Devenu pétrolier et industriel avec l'implantation de l'usine Cevital, les alentours de celui-ci rebutent. Les habitants à tort ou à raison ont cette sensation d'assister impuissants à l'avancée de la pollution. Tichy ne détient pas l'exclusivité de la saleté, loin s'en faut. D'autres endroits, autant sinon plus féeriques, en souffrent. Au début du mois, une opération de volontariat, initiée par le port de Bejaïa, de concert avec des associations écologiques et l'APC, avait révélé l'ampleur et la gravité de celle-ci notamment au parc national de Gouraya. « Je croyais que même les gargotes seraient respectueuses d'un minimum », se lamente un émigré qui séjourne pour la première fois ici. Il pointe du doigt la passivité des autorités chargées de l'hygiène, et l'incivisme des propriétaires. « Est-ce trop demander à un garçon de ne pas décliner le menu ou servir des clients en étant chaussé de claquettes ou habillé d'un tablier crasseux ? », fulmine-t-il.
THE ET CIGARETTES
En ce mercredi de juin, la plage ne connaît pas la grande ruée des vendredi-samedi. La moitié des parasols ne sont pas loués et personne ne se plaint de promiscuité. Les habitués qui viennent surtout de Sétif sont déjà là. Des familles, des groupes d'adolescents dont certains laissent après leur départ détritus et déchets sur le sable. « Nous avons un engin qui passe ramasser chaque jour, mais le citoyen doit avoir des réflexes », souligne un employé de l'APC. Il suffit de s'y attarder quelques minutes pour constater un autre manège. Certains jeunes ne sont pas là pour la baignade, la méditation ou la séduction. Ils travaillent, plateaux de beignets ou théières à la main. Il vient de Ghardaïa cet homme emmitouflé dans une tenue targuie et qui arpente la plage louant les qualités de son breuvage. « Je suis venu avec un ami et c'est chaque année la même chose », explique-t-il. Sofiane, élève de 8e AF, propose lui des cigarettes, du tabac à chiquer et des cacahuètes. « Je viens d'Aokas tous les jours et je repars le soir avec au minimum 3000 DA et des fois je fais une recette de 6000 DA », lance-t-il fièrement. Venu de Tala Hamza de la banlieue est de Bejaïa, Ahmed semble avoir moins d'ambition. Il écoule quelques m'hadjeb pour 800 DA.
« J'ai aussi le temps de me baigner », dit-il en souriant. Un autre propose aux gens de se faire prendre en photo et un autre a les bras chargés de colifichets. On constate tout de même que les familles ou les jeunes filles sont rarement importunées.
En dépit de tout, Tichy, victime d'une réputation surfaite et quelque peu ternie, attire des milliers d'estivants. « L'an dernier, nous avons eu une mauvaise saison », reconnaît un employé de l'agence immobilière « Beau Soleil ». Le Ramadhan et la mauvaise publicité faite à la ville où un comité citoyen a protesté contre la prostitution à ciel ouvert ont dissuadé beaucoup de gens de venir. « Nous sommes toujours vigilants, mais les filles qui portaient atteinte à toute une ville et attiraient une mauvaise clientèle se sont faites discrètes », affirme un étudiant, membre de ce comité qui avait tant fait parler de lui. Les filles qu'on rencontrait même dans les petites gargotes ont disparu comme par miracle. Un établissement comme le Syphax a fermé depuis une année la boîte de nuit pour proposer de « simples soirées familiales ». Pour autant, Tichy ne cultive pas une excessive et hypocrite pudibonderie. A l'intérieur des établissements touristiques privés, de jeunes et jolies serveuses sont toujours de service et la bière fraîche est servie avec le sourire.


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