30 PV d'infraction ont été enregistrés depuis le début de la saison estivale entre Staouéli et Zéralda suite à l'exploitation illégale des plages.Les éléments de la Gendarmerie nationale ont effectué des saisies en application des réquisitions délivrées par le wali d'Alger.Les plages concédées par la direction du tourisme de la wilaya de Boumerdès sont «clôturées» et ce sont «ces espaces clôturés qui sont payants», indique son directeur du tourisme. A Tichy et Staouéli, toutes les plages sont gratuites, mais les visiteurs payent pour se procurer une place. Loin d'offrir aux visiteurs le confort et l'évasion, les plages algériennes ressemblent à des cantonnements au lieu d'espaces ouverts sur l'azur.Selon la loi, les plages sont gratuites, exception faite des plages appartenant à des hôtels ou à des grands complexes touristiques. Mais une fois sur place, les estivants sont dans l'obligation de payer des sommes imposées par des jeunes qui occupent illégalement ces plages. Ils implantent leurs parasols et leurs tentes, occupant ainsi toute la plage. Les estivants sont alors harcelés par ces jeunes qui leur proposent des parasols pour un petit espace sur la plage, qui parfois ne laisse voir que d'autres parasols et tentes. «Nous étouffons», s'emporte un père de famille à qui des jeunes squatters ont déterminé un endroit pour s'installer à la plage de Tichy, dans la wilaya de Béjaïa. Et d'ajouter : «Je ne voulais pas décevoir mes enfants qui attendaient ce moment avec impatience, sinon j'aurais fait demi-tour», fulmine le quinquagénaire. De l'endroit où il est installé, plutôt où on lui a imposé de s'installer, le père ne pouvait même pas surveiller ses trois enfants, dont l'un s'adonne à la nage pour la première fois. Le phénomène du squat des plages n'est pas propre à Tichy, connue comme étant l'une des plus importantes stations balnéaires du littoral algérien. Ce sont tous les estivants de la côte algérienne qui se heurtent à cette réalité décevante. Le séjour au bord de mer est devenu une source de tracas supplémentaires pour les Algériens qui cherchent un coin pour fuir le stress de tous les jours. «Nous ne voyons que des parasols et des tentes implantés tout au long de la côte», regrette Fatma-Zohra qui s'est déplacée de Constantine avec sa petite famille jusqu'à Béjaïa pour passer ses vacances. Fatma-Zohra a d'abord galéré pour trouver un endroit où garer sa voiture. Après cette première épreuve, la mère de famille se dit choquée par ce paysage de tentes et de parasols des squatters qui agissent au vu et au su des autorités. Que ça soit à Béjaïa, Alger ou dans d'autres villes côtières, le visiteur rencontre les mêmes tracasseries. Le séjour devient pénible pour les citoyens qui se retrouvent, après un long déplacement, à se chamailler avec les jeunes squatters pour une place au bord de la mer. Ces derniers s'arrogent le droit de chasser les visiteurs qui ne veulent pas de leurs services : tentes, parasols et chaises. Pourtant, Smaïl Mimoun, ministre du Tourisme et de l'Artisanat a insisté, en février dernier, lors de la rencontre-bilan de l'année 2011qu'a abrité l'hôtel Safir Mazafran, sur la réhabilitation du tourisme interne. Sur le terrain, toutes les conditions sont réunies pour faire fuir les Algériens. La loi sur la gratuité des plages existe. Tous les élus l'ont reconnue, et ils ont fait en sorte de ne pas délivrer des autorisations à ceux qui veulent exercer une quelconque activité au niveau des plages. «Nous n'avons délivré aucune autorisation», atteste Aïssani Hamid, P/APC de Tichy. Idem pour l'APC de Staouéli. «L'APC de Staouéli n'a délivré aucune autorisation. Nous avons reçu les instructions du wali. Les autorisations sont strictement interdites», déclare Belkhiter Abbas, vice-président de l'APC. Mais l'absence d'autorisation n'a pas empêché ces jeunes d'occuper les plages et de gâcher les vacances de nombreux estivants qui refusent d'obéir à leur diktat. Pratiquement, ce sont toutes les plages qui connaissent une grande affluence qui sont spoliées. Pourtant, la loi l'interdit. Où sont les autorités ? La présence des éléments de la gendarmerie et de la police est permanente au niveau des plages et des alentours des stations balnéaires, mais les jeunes squatters ne sont à aucun moment inquiétés. Le P/APC de Tichy estime qu'il n'a pas les moyens qui lui permettent de faire respecter la loi. «Les policiers reçoivent les ordres de leur hiérarchie», dit-il. Les plages surveillées par la gendarmerie n'échappent pas non plus au diktat des squatters à l'instar des plages de Staouéli. Le vice-président de l'APC avoue que les élus n'ont pas trouvé de solution à ce phénomène. Mais, il souligne tout de même que ces jeunes ont un rôle dans la sécurisation des plages qu'ils occupent, notamment la protection des effets personnels des baigneurs des vols. De son côté, le vice-président de l'APC de Tichy estime que les autorités tolèrent l'informel pour acheter la paix sociale. A défaut d'insérer les jeunes dans le milieu professionnel, les autorités «autorisent» ces derniers à exercer une activité d'une manière informelle. Ces jeunes sont devenus à présent une source de désagréments pour les estivants. Si dans les autres régions les squatters reconnaissent que leur activité est illégale, dans la wilaya de Boumerdès les jeunes qui proposent des parasols sur le front de mer de cette ville disent exercer dans la légalité. «Les parasols sont proposés à 300 DA, quant au prix d'un espace au bord de la mer, c'est 100 DA.» Contacté par nos soins, Nour Zoulim, directeur du tourisme de la wilaya de Boumerdès, insiste sur le fait que l'accès à la plage est gratuit, qu'il soit espace libre ou concédé. «Les plages concédées par la direction du tourisme sont clôturées et nos agents portent des badges. C'est cet espace clôturé qui est payant», explique ce responsable qui précise que 24 plages ont été concédées par la direction du tourisme et 49 par l'APC. Bien que la redevance des concessions des plages soit versée cette année dans les caisses des communes, certains P/APC, à l'instar de celui de Tichy et celui de Staouéli déclarent qu'ils n'ont pas fait de concession. Mais cette attitude n'a pas empêché des groupes de jeunes d'imposer leurs lois.