Khouya Zazairi est un homme de culture. En tout cas, c'est lui qui l'assure. Et il n'en veut pour preuve que ce morceau choisi : « Ton cœur et mon cœur accrochés chez le boucher ». Bien sûr, que la grande culture de notre glorieux national lui a fait connaître Khaled. Et, la dernière fois qu'il l'a rencontré, dans un café à Eckhmul, il le lui a dit : « tu sais Khaled, je trouve génial le fait que tu ais pu exprimer l'Amour en utilisant l'image du boucher. Mais est-ce que dans le prochain album, tu peux aussi utiliser l'image des pêcheurs ? Evidemment, la sardine est chère et les filets troués, mais El Houta peut très bien représenter l'image de la femme algérienne ». Et Khaled lui a répondu, avec le même grand sens de la culture : « Comme il a dit lui, Cheikh Khaldi, Aicha est un beau poisson ! » Et Khaled s'est tu, épuisé par cette grande réflexion très culturelle. Et cultivée. Alors pour ne pas en rester là et installer la gêne chez notre glorieux Khaled, lui aussi très national, Khouya Zazairi a dit : « Réflexion faite, je trouve que Aicha est moins porteuse d'amour que Bakhta. En tout cas, elle est moins chebba ! » C'est que Khouya Zazairi est, lui aussi, très tête chercheuse. Epuisé à son tour par cette réflexion qui vole au ras des pâquerettes, il demande un café « sec » et très serré. Vous aurez remarqué, cher lecteur, que le mot réflexion est très utilisé dans cette chronique. Ainsi que culture. C'est parce que le genre raï est un événement hautement culturel. Et pour tout dire, Khouya Zazairi est aussi quelqu'un très culturellement politisé. Au début des années 1980, il l'a prouvé en militant pour le genre. Il l'avait même écrit sur la table du café : « Laissez-nous nous exprimer en chantant dans notre langue populaire ! » Bien évidemment, la chose n'avait pas plu à tout le monde, en tout cas, pas à lex-RTA qui a chargé une ribambelle de « poètes-écrivains » pour lancer la bonne parole... « classique » parmi la population, à commencer par le milieu musical. Ça a donné, à peu près ceci : »Ya El Houta 3alach t'3oumi fe l'bhar ? ». Eh oui, ça a fait boum. Un boum très culturel qui a mobilisé la population qui s'était mise à réfléchir (tiens, ça revient !) sur cette lancinante question. En effet, qu'est-ce qui fait que le poisson nage ? Et pourquoi le poisson doit-il nager en mer ? Jusqu'à présent, la question demeure posée. Et les chercheurs de plusieurs centres nationaux de prospectives y planchent encore dans l'espoir d'y trouver réponse. Dans les prochains jours, je vous dirais où ils en sont dans leurs réflexions.... A. A.