Alberto Contador suspendu, Jan Ullrich condamné, et Lance Armstrong pour la première fois menacé de perdre ses sept Tours de France pour dopage : le grand ménage se poursuit dans le cyclisme, et les palmarès se détricotent au gré des procédures. A ceux qui pointaient que seuls des coureurs de second plan se faisaient pincer ces dernières années, l'année 2012 leur a donné des raisons d'espérer qu'il n'y a plus d'impunité absolue, même pour les rois du peloton. En février, Contador a finalement bien perdu son Tour de France 2010 devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), 570 jours après son contrôle positif. Et le coureur espagnol, sous le coup d'une suspension qui s'achève le 5 août, ne pourra pas prendre sa revanche dans cette édition. Ullrich, lui, a conservé son Tour de France 1997, mais il a été rayé du podium 2005. Il a fallu près de six ans pour que l'ancienne star du cyclisme allemand paie le prix, comme d'autres avant lui, pour avoir fréquenté la sombre officine du Dr Eufemiano Fuentes, en Espagne. Certes, Ullrich, dont la carrière s'était arrêtée peu de temps après la révélation de cette affaire de dopage sanguin - "l'affaire Puerto" - au printemps 2006, se moque bien de la suspension que lui a infligée le TAS cet hiver. Mais son nom figure désormais en toutes lettres sur la longue liste des coureurs reconnus officiellement coupables de dopage. Même Lance Armstrong, sur lequel accusations et rumeurs glissaient jusqu'alors comme sur du téflon, n'a jamais été aussi près de tomber dans les mailles de la justice sportive. Pour la première fois, le détenteur du record de victoires sur la Grande Boucle est la cible d'une procédure disciplinaire lancée mi-juin par l'Agence antidopage américaine (Usada). L'Usada est même la première à accuser formellement le Texan de s'être dopé quasiment toute sa carrière, lors de ses sept victoires de 1999 à 2005, tout comme lors de son retour à la compétition en 2009 et 2010. L'instance sportive n'aurait jamais eu les moyens d'ébranler le mythe du survivant du cancer devenu héros du Tour de France si la justice pénale ne s'était penchée ces deux dernières années sur son passé pour voir si lui et d'autres n'avaient pas utilisé l'argent d'une entreprise publique, l'US Postal, sponsor de l'équipe, pour se doper. Cette vaste enquête, abandonnée en février, n'avait pu déboucher sur des accusations de fraude. Armstrong s'en était frotté les mains, sans penser que l'Usada oserait, dans la foulée, tenter de le faire condamner pour dopage à partir des témoignages et autres éléments recueillis par l'enquêteur fédéral. La procédure n'est encore qu'à ses débuts, et le richissime quadragénaire, qui martèle que ces accusations sont infondées, a déjà renvoyé au front ses brillants avocats pour trouver la faille qui pourrait faire vaciller l'accusation.