Depuis sa réouverture en 2009, le jardin d'essais du Hamma ne cesse de drainer les foules. Nombreux sont ceux qui, en ces moments de vacances et de grandes chaleurs, optent pour ce jardin botanique confondu dans la ville. Une proximité, renforcée récemment par la mise en service du métro et du tramway jusqu'à la station des Fusillés (Ruisseau), ce qui a encouragé les plus récalcitrants au point de faire de ce grand espace de connaissance des espèces végétales et de détente la première destination des Algérois et ceux de passage dans la grande métropole. Ainsi le jardin d'Essais connaît une affluence considérable de visiteurs. En cette journée du dernier mercredi du mois de juin, les gens de tous les âges sont présents. Ils s'acquittent des frais d'entrée, 60 DA pour les adultes et 30 pour les enfants, avant de s'engouffrer dans les allées centenaires ou encore emprunter les chemins aménagés à cet effet. Car il est strictement interdit de marcher sur la couverture végétale. Des consignes parfois non respectées mais sans pour autant porter préjudice à ce jardin. « Avec 2 millions de visiteurs en 3 ans et quelque 15 à 20 000 enfants par an, je reste très satisfait et content de la bonne discipline qui règne dans cet espace. La tolérance zéro et la témérité des agents ont payé », expliquera Abderrezak Ziriat, directeur du jardin d'Essais. Il affirmera que pour les récalcitrants et ceux qui ne répondent pas positivement aux mises en garde sont « sommés de quitter sur le champ le jardin ». Le cadre convie vraiment à une balade. Les promeneurs laissent voguer leurs rêves en traversant le jardin français, une dénomination due aux formes symétriques évoquant quelques similitudes avec les jardins des châteaux de France. Pour regagner le jardin anglais, il faut traverser l'allée des platanes, des dracaenas, des bambous et celle des ficus. Un chemin où s'entrelacent les branches au feuillage abondant assurant une certaine fraicheur recherchée par les visiteurs pour échapper à la chaleur qui commençait à taper sur les têtes même coiffées d'un couvre-chef. Des jeunes couples savourent des moments de solitude et d'évasion, d'autres immortalisent leur passage en prenant des photos souvenir en actionnant leur appareil photo numérique ou des téléphones portables. Dans une des allées, un groupe de jeunes étudiants découvrent ou redécouvrent le jardin. Parmi eux Amrane dit « Tahfifa ». Ce jeune étudiant de 24 ans avoue que « c'est un patrimoine inestimable qui permet aux familles de se détendre sans quitter la ville. C'est également un espace scientifique permettant de converser sur des thématiques autre que le football ». Poursuivant son analyse, Amrane fustige ceux qui « laissent entendre qu'en cinquante ans rien n'a été réalisé. Ce sont des dires néo-colonialistes qui pèsent sur nous pour nous pousser à regretter notre indépendance ». Non loin de là, un groupe de femmes quinquagénaires et plus sont assises sur une natte et discutent des bienfaits de cette sortie. Cette dernière a été organisée par l'Association « Nassima » d'aide aux malades atteints de cancer de Blida. Pour l'une des accompagnatrices de ces malades suivies au niveau du centre anti-cancer de Blida, « cette sortie permet de tranquilliser les malades programmées pour des séances de chimiothérapie ou de radiothérapie et de leur faire découvrir un espace vert renfermant des espèces végétales du monde entier. En somme c'est un voyage unique en son genre ». LE JARDIN, UN ATELIER À CIEL OUVERT Le jardin d'Essais ce n'est pas seulement un espace de détente et de découverte d'espèces végétales mais c'est aussi des ateliers dédiés aux enfants pour leur inculquer le respect de la nature. « Notre souci est de faire connaître et faire perpétuer les espèces végétales afin de mieux comprendre la biodiversité et veiller sur son respect. Avant, on désherbait sous les arbres, aujourd'hui on fauche afin de laisser la nature vivre les étapes de sa vie sans l'agresser ou changer son cours » explique M. Ziriat. « Une parcelle dédiée à la plante à fleur algérienne sera aménagée. Ceci, afin de faire connaître notre patrimoine végétal national car dans ce jardin, des plantes du monde entier sont réunies et présentées », a-t-il ajouté Aussi une école de l'environnement est ouverte dans ce jardin tout au long de l'année. Des expositions en plein air sont organisées à l'intention des visiteurs. Lors de notre passage, nous avons constaté des produits réalisés par les élèves qui sont mis en vente. Ahmed, Amina et Imène, inscrits à l'école de l'environnement, sont satisfaits de leur formation et même des ventes. « Nous avons installé trois tables bien garnies de nos propres produits obtenus après des initiations à l'atelier jardinage où nous avons appris le repiquage, le bouturage et le greffage. L'argent récolté va à l'école pour développer nos moyens didactiques », avoue Imène 13 ans. De son côté, Ahmed affirme que s'inscrire à l'école de l'environnement « permet d'enrichir ses connaissances ou de les parfaire, mais également d'éviter l'oisiveté ». Face à la couverture végétale variée et diversifiée, un zoo où quelques espèces font le bonheur des visiteurs. Là aussi, une file de visiteurs s'est formée pour l'achat du billet d'entrée. A l'intérieur un brouhaha indescriptible est remarqué. La vue de l'ours brun, du lion, du guépard du Sahara ou encore des singes fait toujours son effet. Aussi bien pour les grands que les petits qui sont restés médusés devant de tels colosses jusque-là vus seulement à la télévision. Les commentaires vont bon train sur l'attitude, le cri des animaux ou encore sur le plumage multicolore du paon et sa manière de l'étaler en éventail à l'approche des visiteurs. Devant la cage des singes, un groupe d'étudiants tente de comprendre la théorie de Darwin sur l'origine de l'homme dans une ambiance et un parler propre à nos jeunes, semant la joie parmi les gens. Cette joie est perceptible chez les personnes qui sont venues en cette journée au jardin d'Essais du Hamma.