La mise en service du métro a encouragé les plus récalcitrants à effectuer des déplacements en un temps record. Le Jardin d'essai a connu, ces derniers temps, une affluence considérable de visiteurs. D'aucuns affirment que les journées que l'hiver a empruntées au printemps constituent une véritable aubaine pour organiser de telles sorties. D'autres estiment que la mise en service du métro a encouragé les plus récalcitrants à effectuer des déplacements faits en un temps record. Un père de famille n'a trouvé aucune gêne pour affirmer qu'il a bien fait le pied de grue pendant vingt minutes avant de pouvoir acheter son billet d'entrée : «Tout à l'heure, il y avait un monde fou devant l'entrée, et cela me réjouit de voir des parents accompagner leurs enfants pour leur faire découvrir un magnifique parc de verdure, recelant une variété de plantes. Comme eux, je suis animé par le même intérêt qui m'a poussé à ramener mes deux gosses afin qu'ils puissent y découvrir quelques aspects du règne végétal et animal», a-t-il reconnu. Pour A. Zeriat, directeur du Jardin d'essai, ce regain d'intérêt, affiché par les visiteurs au jardin du Hamma, s'explique par certains facteurs qui faisaient défaut durant toute la période antérieure à mai 2009, date de la réouverture du jardin. «Malgré le mauvais temps de ces deux derniers mois, nous avons comptabilisé 80 000 entrées. Nous accueillons un million de visiteurs par an. Cette affluence est due à la propreté, à l'entretien et à la sécurité qui sont assurés sans relâche», a-t-il indiqué. Le cadre convie vraiment à une balade. Les promeneurs laissent voguer leurs rêves en traversant le jardin français, dont la perspective a été conçue par les architectes Régnier et Guion en 1914. Selon deux agronomes rencontrés tout près du jardin botanique, cette dénomination est due aux formes symétriques évoquant quelques similitudes avec les jardins des châteaux de France. Pour rejoindre le jardin anglais où trône une flore tropicale, il faut encore traverser l'allée des platanes, des dracaenas, des bambous et celle des ficus.L'endroit est plein d'exotisme. Pour preuve, certains visiteurs aiment rapporter une certaine anecdote en désignant les lianes d'un ficus. «C'est bien là qu'a été tournée en 1932 une partie du film Tarzan, l'homme singe, dont l'acteur principal fut Johnny Weissmuller», a lâché un jeune étudiant d'un ton pédant à l'adresse de son compagnon. Pendant que certains jeunes couples se délectent à échanger des confidences, d'autres profitent du moment pour immortaliser un souvenir en actionnant leur appareil photo numérique. Après avoir photographié une œuvre du sculpteur français E. J. Gaudissard ayant pour thème Les danseuses des Ouled Naïl, une ressortissante française, en visite touristique, n'a pas pu contenir ses émotions. Avec une spontanéité remarquable, elle déclara : «J'avoue que je n'ai pas vu un parc aussi beau et aussi fascinant comme celui-ci. Vraiment, c'est une merveille ! J'ai visité beaucoup de pays européens, je vous assure qu'ils ne disposent pas d'un jardin de cette envergure. J'ai remarqué que plusieurs endroits du Jardin d'essai sont envahis par la saleté. J'en déduis qu'il est à l'abandon. Je vous en prie, ne l'abandonnez pas, sauvez- le !» A entendre de tels propos, les habitués de l'incivisme doivent réfléchir deux fois avant de commettre des actes de vandalisme. Ces aveux laissent entendre que la sauvegarde de ce museum de la flore ne relève pas seulement d'une gestion émanant de la direction de ladite institution. Le concours de tous est fort demandé.