La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, assise aux côtés de l'ancien Premier ministre tunisien, El Hadi Bekkouche, était aux premiers rangs et suivait avec intérêt les conférences de la matinée. Les ambassadeurs de Chine, de Serbie et de Finlande et des figures connues du mouvement national comme Mohamed Mechati, Louisette Ighilahriz étaient également présents. Le fils de l'illustre Frantz Fanon, qui devait intervenir, hier après-midi, autour de la mémoire de son père, et la fille du chantre du panafricanisme Kwam Nkrumah sont venus. Des chercheurs originaires de différentes universités et centres de recherche du pays interviendront au cours de cette manifestation qui se veut une halte pour commémorer la fête de l'indépendance et libérer l'histoire pour reprendre « le générique » choisi par le comité scientifique qui a préparé l'événement. Il est composé de personnalités connues comme Mme Nadjet Khadda, Slimane Hachi, directeur du CNRPAH, et Fouad Soufi connu comme l'un des meilleurs experts en archivistiques. Pour M. Hachi, « un demi-siècle correspond à l'âge de la maturité et à ce titre il faut réaffirmer l'exemplarité et la légitimité de notre guerre de libération ». L'ancien directeur des Archives nationales, Touili, s'en chargea dans sa communication qui a récapitulé les épreuves et l'engagement des Algériens durant plus d'un siècle. En même temps, ajoutera M. Hachi, « il y a nécessité d'échanger, de dire, de se parler pour dire ce que fut l'Algérie depuis 1962 ». UNE METHODE POUR LIBERER L'HISTOIRE De nombreux chercheurs étrangers (Allemagne, USA, Hongrie, Mali, Italie) et des Algériens établis en France interviendront sur des sujets qui ne se réduisent pas à des approches socio-historiques. Certains, à l'image de Omar Carlier, Kamel Chachoua et Gilles Manceron, sont connus pour leurs travaux. La guerre de libération et les cinquante années de liberté retrouvée seront abordées à travers de nombreux prismes y compris littéraire. Habib Tengourn, Mourad Yellès Chaouch ainsi que Benamar Mediene ont été invités pour décrypter des problématiques liées aux productions artistiques concernées par cette séquence. La colonisation et la décolonisation ont eu des effets sur toutes les sphères tant en Algérie que dans les autres pays notamment en France. Selon Nicolas Bancel (Genève), les études sur le post-colonialisme ont pris en France, sous la pression des événements liés à l'émigration et au communautarisme, une nouvelle impulsion depuis les années 2000. Hier, des chercheurs se sont relayés pour aborder la problématique de l'Histoire dans sa relation avec les pouvoirs et la société. Pour Belaïd Abane, auteur d'un récent pamphlet autour de Abane Ramdane, « sans renier la grandeur de sa révolution, ni les sacrifices des aînés, l'Algérie doit entreprendre d'autres questionnements liés à la nécessité de faire émerger la citoyenneté ». Abordant l'utilité de croiser les mémoires, une méthode qui peut libérer l'histoire, le professeur Paul Siblot de l'université de Montpellier s'est s'appuyé sur le contentieux franco-allemand. « Cela doit exclure le relativisme qui efface les responsabilités et le politiquement correct et assurer la liberté du chercheur », observe-t-il. Le colloque se poursuivra aujourd'hui avec une quinzaine de conférences notamment celle de Abdelahalim Medjaoui qui évoquera son parcours déjà raconté dans un livre « L'itinéraire d'un universitaire dans les rangs du FLN/ALN ». Il donne le coup de départ d'activités similaires qu'organise le CNRPAH durant les prochains mois.