Arafat empoisonné ? Désormais, ce n'est plus une rumeur. Dans un documentaire réalisé après neuf mois d'enquête, diffusé mardi, la chaîne qatarie apprend qu'Abou Amar aurait été empoisonné au polonium (une substance hautement radioactive), mettant en avant les conclusions d'analyses effectuées dans un laboratoire de l'Insitute for Radiation Physics de Lausanne, en Suisse. Ces tests ont porté sur des échantillons biologiques prélevés dans les effets personnels (vêtements, brosse à dents, keffieh) du dirigeant palestinien, remis à sa veuve Souha, par l'hôpital militaire de Percy, au sud de Paris, où il avait rendu l'âme le 11 novembre 2004. « Je peux vous confirmer que nous avons mesuré une quantité inexpliquée et élevée de polonium-210 dans les effets personnels de M. Arafat qui contenaient des traces de fluides biologiques », a soutenu François Bochud, directeur de l'Institut suisse, en suggérant l'exhumation des restes de la dépouille « pour confirmer la thèse d'une mort par polonium ». Mme Arafat a, aussitôt, annoncé qu'elle allait interpeller l'Autorité palestinienne pour déterrer le corps, inhumé à Ramallah, en Cisjordanie. « Je veux demander à ce que le corps de mon mari soit exhumé immédiatement car les médecins disent que nous n'avons pas beaucoup de temps (...) car la preuve d'une présence de polonium disparaît au fil des semaines », a-t-elle souligné. Le 11 novembre 2011, date du 7e anniversaire de sa mort, elle avait déploré que « le président Arafat (soit) mort et le secret de son décès avec lui », précisant que le rapport médical officiel « indiquait que la cause de la mort était la destruction des globules rouges, sans en mentionner la raison ». Les tests effectués à Paris, et les 50 médecins qui se sont relayés à son chevet, n'avaient pas permis, en effet, de trouver de traces évidentes de poison. Les rumeurs sont allées bon train évoquant une multitude de pistes ; cancer, maladie du foie, grippe aviaire... De nombreux Palestiniens avaient alors accusé Israël d'avoir empoisonné leur leader charismatique. La réaction de Ramallah n'a pas tardé. Le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s'est dit favorable une nouvelle autopsie. « Nous sommes prêts à coopérer avec toute partie capable de contribuer à établir les causes du décès de Yasser Arafat », a déclaré le porte-parole du Fatah, Fayez Abou Aita.Après avoir obtenu l'accord de M. Abbas pour l'analyse du corps, le chef de la commission d'enquête palestinienne sur la mort d'Arafat, Taoufic Tiraoui, a fait savoir qu'il exige l'assentiment de Souha et du neveu du défunt, Nasser Al Qidwa. Le négociateur palestinien Saëb Erakat a appelé à la formation d'une commission d'enquête internationale sur le modèle de la commission d'enquête internationale sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafik Al Hariri.