La situation est si tendue en République Démocratique du Congo que les troupes de la Monusco, mission de l'ONU, se sont jointes aux forces loyalistes pour protéger d'une éventuelle attaque rebelle la ville de Goma, la capitale du Nord Kivu, une province convoitée depuis des décennies pour ses richesses naturelles et arène de combats interethniques entre Hutus et Tutsi, originaires du Rwanda et du Burundi voisins. Après une période d'accalmie de quelques années, le vieux conflit a repris en avril dernier. Notamment entre d'ex-membres du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le mouvement de la rébellion congolaise tutsie et les forces armées congolaises (FARDC). La violence avait commencé quand une centaine de déserteurs dirigés par des proches de Bosco Ntaganda, ex-chef d'état-major du CNDP, ont lancé une attaque contre les FARDC dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu. Aujourd'hui, ils seraient plus de 2 000 rebelles à se rassembler près de la frontière rwandaise et ougandaise, non loin de Goma. L'ONU et la RDC redoutent particulièrement une attaque de la ville. Premières conséquences de ces combats, le déplacement de 220 000 personnes et la fuite de 30 000 personnes dans les pays voisins. Les rebelles se sont constitués en « Mouvement du 23 mars » (M23) en référence à la date de signature des accords de 2009 entre les rebelles du CNDP et le gouvernement dont les mutins revendiquent l'application. L'accord en question prévoyait la transformation de leur mouvement en parti politique et offrait aux ex-rebelles le contrôle d'une grande partie de la région du Kivu. Tout marchait plutôt bien jusqu'au début 2012 quand le pouvoir central a décidé de reprendre le contrôle sur les Kivus. Il y a eu ensuite un génocide tutsi, ce qui a réveillé les tensions entre la RDC et le Rwanda voisin qui se félicite de la délivrance, jeudi dernier par la Cour pénale internationale (CPI) d'un mandat d'arrêt contre le chef des rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) Sylvestre Mudacumura pour des crimes de guerre commis en RDC. Le Rwanda appelle aussi à l'arrestation du chef des FDLR. L'autre Congo, celui qui organise, aujourd'hui, le quatrième scrutin législatif depuis l'ouverture du pays au multipartisme en 1991, pourrait ne pas échapper à ce regain de violences. En mars dernier déjà, il a vécu des explosions qui ont empêché la révision des listes électorales dans certaines zones de la capitale.