La République démocratique du Congo (RDC) replonge progressivement dans la guerre dans le Nord-Kivu, où les soldats mutins enrôlent de force de jeunes enfants, a dénoncé l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué. Cette pratique, œuvre du général Bosco Ntaganda, pour laquelle il est recherché par la Cour pénale internationale, nous rappelle la période sombre qu'a vécue la RDC durant la première guerre civile de 2007. Les factions armées qui exploitent illicitement et jusqu'à maintenant plusieurs gisements de minerais, dont le diamant, avaient eu recours, à l'époque, au recrutement par la force d'enfants soldats, comme cela était le cas aussi bien au Sierra-Léone ou au Libéria, pour ne citer que ces deux pays ravagés par des guerres civiles qui avaient pour causes le contrôle des ressources naturelles par des groupes d'intérêts locaux. Aujourd'hui le spectre de la mobilisation des enfants et des jeunes adolescents dans le Nord-Kivu hante les autorités de Kinshasa qui ont engagé leurs troupes armées pour pourchasser Bosco Ntaganda dans le dense territoire forestier de Masisi, à l'Est, frontalier du pays avec le Rwanda et l'Ouganda. Selon donc HRW, «les troupes fidèles à Ntaganda ont recruté de force au moins 149 garçons et jeunes hommes». Le recrutement de ces jeunes garçons s'est fait durant la période allant du 19 avril au 4 mai dans plusieurs localités du territoire de Masisi, dans la province du Nord-Kivu, affirme HRW, ajoutant qu'«au moins sept garçons sont morts dans les combats» entre les mutins et l'armée depuis la mi-avril, date qui marque le début des affrontements entre l'armée et les troupes rebelles. L'âge des jeunes garçons varient entre «12 et 20 ans», a ajouté HRW, affirmant qu'ils «appartenaient pour la plupart aux groupes ethniques tutsi et hutu» qui s'étaient livrés au Rwanda, durant les années 1990, une guerre qualifiée de génocide pour avoir coûté la vie à plus de 800 000 personnes majoritairement Tutsis, en l'espace de trois mois, selon l'ONU. D'après HRW, au moins «48 d'entre eux avaient moins de 18 ans, et 17 avaient moins de 15 ans». L'ONG américaine a ajouté que le recrutement s'est fait par plusieurs milices mais c'est le général mutin qui est le commanditaire. Des enfants ont été enlevés des écoles alors que d'autres étaient dans les mines exploitées illicitement par les factions rebelles armées, à la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda. Pour rappel, le général Ntaganda était chef d'état-major de l'ancienne rébellion tutsi-congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (Cndp), dont plusieurs centaines d'éléments, intégrés comme lui en 2009 dans l'armée congolaise, ont fait défection début avril dans l'est du pays. A la mi-avril, avant de violents combats avec l'armée, Ntaganda et ses hommes ont dit aux habitants des localités sous leur contrôle «qu'ils avaient besoin d'enfants et de jeunes hommes pour renforcer leurs effectifs», indique l'ONG de défense des droits de l'Homme. Surnommé «Terminator», le général Ntaganda est visé par un mandat d'arrêt de la CPI depuis 2006 pour enrôlement d'enfants soldats quand il était dans une milice, au début des années 2000. Il est aussi recherché par Kinshasa pour sa «responsabilité» dans les combats récents au Nord-Kivu. L. M./Agences