Drame - Ce sont des milliers de Congolais qui ne cessent de migrer vers des camps de réfugiés du Rwanda près de la frontière congolaise. Il serait 6 000 à avoir déjà traversé la frontière pour rejoindre, à une vingtaine de kilomètres de là, le centre de transit rwandais de Nkamira, affirme le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). La majorité sont des enfants arrivés avec leurs parents, d'autres ayant suivi des voisins dans leur fuite souvent livrés à eux-mêmes. Tous tentent d'échapper aux combats qui opposent, dans le Nord-Kivu, des soldats loyalistes de l'Armée de la République démocratique du Congo (FARDC) et des mutins, ex-membres de l'ancienne rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), un temps intégrés aux FARDC. Frontalière du Rwanda, la province du Nord-Kivu, dans l'est de la RDC, est instable depuis près de 20 ans. De multiples groupes armés - congolais mais aussi rwandais - y attaquent continuellement les populations civiles, provoquant régulièrement la fuite de dizaines de milliers de personnes. Les combats qui font rage ces derniers jours, notamment dans le village de Kirolirwe, dans la région de Masisi, ont poussé des milliers de personnes à tout abandonner pour fuir les massacres et les affres de cette guerre fratricide pour rejoindre la frontière. Cette dernière qui n'épargne ni enfants ni femmes, fait fuir cette population et leur fait traverser des centaines de kilomètres à travers cet immense champ de guerre qu'est devenu le nord du pays, se déplaçant souvent sans eau ni nourriture. Seuls les camions de la Mission de maintien de la paix de l'ONU au Congo (Monusco) arrivent encore à circuler dans ce véritable «no man's land», pour alimenter et soigner un tant soit peu ces populations qui se déplacent en masse et dont le nombre ne cesse d'augmenter. Cette situation inquiète les autorités de Kigali, qui estiment que la sécurité du Rwanda est autant menacée que celle des Congolais. Pour le porte-parole de l'armée rwandaise, les combats entre mutins et loyalistes profitent aux rebelles rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), également basés dans l'est de la RDC, qui «se réorganisent». Ces dernières années, le Rwanda a participé à des opérations militaires conjointes avec l'armée congolaise pour traquer les FDLR, qui multiplient les exactions dans l'Est congolais et que le gouvernement rwandais qualifie de «terroristes».