En pleine transition démocratique, marquée par la bonne tenue des législatives du 7 juillet appréhendée comme « une étape décisive », la nouvelle Libye est ainsi confrontée au double défi de la construction démocratique et de la stabilité. Le secrétaire d'Etat qui a entamé un dialogue avec les forces politiques les plus influentes, l'Alliance des forces nationales (AFN) d'Ahmed Jibril et le Parti de la justice et de la construction (PJC) des Frères musulmans, a développé le préalable sécuritaire pour revendiquer et plaider l'urgence d'une coopération militaire et, bien sûr d'autres secteurs vitaux comme la santé et l'éducation. « Un avenir stable et prospère en Libye, a relevé le responsable américain, repose sur la réalisation des progrès en matière de sécurité, la capacité de la Libye à sécurité ses frontières, à contrôler les armes et à empêcher tout groupe de saper les progrès accomplis à ce jour ». Cette appréciation fonde le partenariat plaidé par le Premier ministre libyen, Abderrahim El-Kib, qui a estimé qu'il est « vraiment dans l'intérêt de la Libye et des Etats-Unis de coopérer pour répondre aux menaces contre la sécurité de la Libye ». Entre djihadistes, islamistes modérés, autonomistes et les rivalités tribales exacerbées, le fragile équilibre interne souffre de la présence hégémonique des milices, parfois organisées en vastes coalitions pour imprégner fortement la scène politique. « Plus de 5.000 combattants du GICL (groupe islamique combattant libyen) ayant mené le djihad, au cours des années 90, contre le régime de Kadhafi, sont représentés au conseil militaire de Tripoli. Un conseil qui est en conflit avec le Conseil révolutionnaire de Tripoli, formé notamment de combattants des différentes régions (Misrata, Zinten...) qui redoutent la mainmise du GICL », analyse le CERI. A cette réalité interne, se greffe le péril de la contagion régionale qui, comme le montre le cas malien, fait le lit du terrorisme mondial délocalisé et rêvant du nouveau sanctuaire sahélien. C'est dire les « fondements de la nouvelle Libye » intègre le processus de réconciliation et de la stabilisation qui restent des priorités majeures des nouveaux dirigeants. Dans ce qui est présenté comme « l'exception libyenne », le scrutin réussi du « congrès national général » est en soi une avancée considérable pour l'émergence d'institutions démocratiques légitimes. L'alternative, tranchant avec la fatalité islamiste du « printemps arabe », contribue à façonner par les urnes un consensus national porté par la coalition victorieuse de l'AFN (61 partis) de l'ancien Premier ministre, Ahmed Jibril, qui, tout en refusant la dénomination de « laïc et libéral », se réclame de l'esprit d'ouverture et de la tolérance. L'avènement de la majorité politique et électorale représente le visage de la nouvelle Libye qui se dote d'un Congrès national constitutif pour prendre le relais du CNT fantomatique et discrédité. Il est chargé de nommer un gouvernement intérimaire dans les 30 jours qui suivent sa session d'ouverture et de procéder, après amendement, à la désignation des 60 membres de la commission constitutionnelle. La refondation démocratique est un impératif pour garantir le retour à la stabilité et la reconstruction dans un pays en ruines où « tout reste à faire ».