Certaines familles se serrent la ceinture durant toute l'année pour faire honneur à sidna Ramadhan. Car il faut bien l'accueillir avec une table bien garnie. Pour s'assurer de ce gaspillage, il n'y a qu'à voir les sachets pleins à craquer de pain rassis jetés, le jus de citron (charbet) conditionné dans des sachets de congélation, le nombre de bouteilles de jus et de sodas proposés à même le sol. Durant ce mois, les marchés de fruits et légumes sont pris d'assaut. C'est à qui mieux mieux de bien remplir le couffin de victuailles. Le Ramadhan est le mois de toutes les dépenses pour faire plaisir à la famille. Mais pourquoi cette frénésie qui s'empare, soudain, des consommateurs ? Ni les prêches dans les mosquées ni les avertissements et les conseils des médecins ne sont écoutés. L'offre est telle que le meilleur des avertis est tenté par n'importe quoi. A commencer par le pain qui se décline en plusieurs variétés. A croire que chaque plat doit être dégusté avec son propre pain. La « faim » se justifie, dira l'autre. Les sucreries et autres douceurs prisées durant Ramadhan se taillent la part du lion. Zlabia, Kalb Ellouz, Ktayef, pour ne citer que celles là, sont proposées à tous les coins de rue. Heureux celui qui fait une file de plusieurs mètres pour emporter chez lui une petite boîte de ces gâteaux dégoulinant de miel industriel. Les diouls pour la confection de boureks sont proposés partout. Ils sont nombreux les petits revendeurs à la sauvette qui écoulent les fameuses feuilles transparentes par douzaines, enveloppées soigneusement dans un torchon pour être à l'abri de la poussière et de la chaleur. D'autres font le porte à porte pour les proposer. D'ailleurs, certaines ménagères spécialistes dans la confection des diouls et des ktayefs se font une bonne recette. La fameuse botte d'épinards devient, l'espace du mois sacré, la vedette. Son prix s'envole et elle déserte, très tôt, l'étal. Gare aux lève-tard qui programment, la veille, un bourek ou une tourte d'épinards. Même les conversations sont centrées sur les recettes de cuisine entre collègues, voisines et amies. « Il faut faire plaisir par la préparation d'un met hors du commun », disent certaines. Même les quotidiens d'information s'y mettent et proposent des pages entières où des menus sont proposés pour faciliter la tâche de certaines lectrices. Comme quoi, tout le monde s'y met pour avoir les yeux plus gros que le ventre et tant pis pour la santé et le porte-monnaie.