Pain traditionnel, zlabia, épinards, figues, tout se vend... Dans un pays où la moitié de la population est jeune, il faut savoir se débrouiller pour vivre. Le chômage bat son plein. Les chiffres réels sont un sujet tabou. Devant cette situation, la débrouillardise reste une source de finance pour subvenir aux besoins de toute une famille. Le mois de Ramadhan, mois de consommation par excellence, est propice à l'émergence de ces petits métiers temporaires. Narjass, collégienne de 14 ans, habite la cité des 1100 Logements..«Pendant le mois de Ramadhan, maman prépare les diouls que nous livrons à des jeunes qui les revendent sur les étals», dira notre interlocutrice avec beaucoup d'assurance. Elle nous apprend par exemple, que leur produit connaît des ruptures de stock parce qu'il est de bonne qualité. La maman, selon Narjass, commence son travail juste après la prière des «Taraouih» pour continuer jusqu'aux premières lueurs de l'aube. «Moi je prends le relais très tôt le matin, puisque je me charge des livraisons». Quant au coût et au prix de revient, aucune explication n'est fournie. Cette année, les diouls maison coûtent 40 à 60 DA la douzaine. Des estimations, des recoupements et au prix de 30 DA (prix de gros), les recettes mensuelles dépassent les 90.000 DA. «C'est moins que le salaire d'un député, mais avec cent fois plus d'efforts», ironisera notre commerçante. La rue de France est devenue depuis le début du mois de Ramadhan, un marché. Il s'appelle Mokrane, il est de Merkala sur les hauteurs du Djurdjura. Chaque matin il livre les figues. Les revendeurs sont natifs de la région comprise entre Ath Laâziz et Haïzer. Certains proposent deux à trois espèces, les vertes, les noires et les «bouamar». «Nous faisons la cueillette très tôt le matin. Nous livrons le produit sur place. Je ne suis pas propriétaire puisque moi-même j'achète ces figues auprès de fellahs de notre région. Je gagne entre 10 et 15 DA par kilo. La police reste notre seul ennemi. Elle nous chasse tout le temps...» Vers la sortie sud de cette rue piétonnière, un groupe de jeunes vendent les plantes potagères. «La marchandise arrive le matin des environs de Oued El Berdi, d'El Esnam...nous l'achetons à 10 DA l'unité pour la revendre 15 DA. Ce n'est pas toujours la belle vie. Au début, on faisait toujours des bénéfices. Ces derniers jours les recettes sont moindres et nous allons changer d'activité», annoncera Sid-Ali un lycéen. A l'approche de l'heure de la rupture du jeûne, la rue Ben Abdallah se transforme en un grand bazar où sont proposés les kalb ellouz, le pain, les jus....Le problème est d'ordre sanitaire. «Nous chassons ces commerçants parce qu'ils occupent les voies et mettent en danger la vie d'autrui» dira un agent de l'ordre. Une gamme de pains trône sur une table en plein air. Certains, avant d'acheter, tâtent le pain, le repose pour en choisir un autre...Un autre jeune propose ces jus en sachet à mélanger à de l'eau. Le produit est exposé au soleil des heures durant...A l'ex-marché hebdomadaire, malgré le volume de travail que génère ce lieu, l'hygiène reste, le dernier souci des occupants. Un monticule d'ordures est entreposé juste à l'entrée. «Le camion passe une fois par jour» révèle un gardien de parking qui a squatté la rue. Un citoyen nous interpelle «On vend du poulet vivant. Ils égorgent derrière et ils volent quand ils le pèsent.» Le monsieur, apparemment victime, insiste pour dénoncer cette activité que la réglementation interdit formellement. Depuis deux journées, les services de lutte contre ces activités illicites multiplient les descentes. La police, de son côté, évacue les indus occupants des voies et passages.