Koléa, telle une gardienne des us et coutumes ancestrales, continue à vivre au rythme des gestes de ces femmes qui, tout en bavardant autour d'un thé, pétrissent et façonnent les pâtes. Une spécialité bien connue dans la région ou encore dans le vieil Alger et qui fait encore le bonheur des papilles au goût raffiné. « El mikirna » ou « makaroun bour etork », « el mketfa » sont autant de spécialités qui ont toujours leurs adeptes dans la ville de Koléa. Les habitantes de cette bourgade berceau de la broderie sous différents aspects et de l'art musical, restent attachées à ce rituel qui anime les soirées ramadhanesques. Dans les maisonnettes du quartier Ben Azzouz ou de Tonboughouf, les femmes de Koléa tiennent à produire elles-mêmes ces pâtes nécessaires à la préparation de la chorba ou de mets succulents qu'elles présentent spécialement le premier jour de l'Aïd. Khalti Saliha, du haut de ses 80 ans, avoue ne pas pouvoir se passer de mettre la main à la pâte. Un tamis sur les genoux et un récipient d'huile à portée de main, Khalti Saliha roule la pâte entre le pouce et l'index pour en faire des vermicelles en un geste d'experte. Une fois la préparation séchée, elle est poêlée, ce qui lui donne un goût particulier. Les palais fins seront agréablement assouvis. Pendant que les petites mains façonnent ces pâtes particulières, les discussions vont bon train. Rien n'est laissé au hasard, on prend des nouvelles de la famille, du voisinage afin de ne rater aucun évènement (heureux ou malheureux) et faire ensuite le nécessaire. Les relations humaines restent le socle de la vie à Koléa et un rempart contre les habitudes négatives qui vous plongent dans le virtuel de la toile.