« La Mauritanie n'interviendra pas militairement au Mali », affirme le président Mohamed Ould Abdel Aziz dans une « rencontre avec le peuple » à Atar, nord du pays, sous forme de questions et de réponses, à l'occasion du troisième anniversaire de son accession au pouvoir, le 5 août 2009. « Mon pays n'a pas de solution pour ce problème très complexe », ajoute-t-il tout en reconnaissant toutefois que Nouakchott « fait partie de la communauté internationale » et doit à ce titre « aider Bamako à trouver une solution aux 65% de son territoire » occupé depuis fin mars par des groupes islamistes liés à Al Qaïda au Maghreb islamique. Le président mauritanien, qui a mené en 2010 et 2011 des raids militaires contre des bases d'AQMI, notamment dans la région de Tombouctou, ville aujourd'hui entièrement contrôlée par Ansar Dine et AQMI, soutient qu'avant toute action contre « le risque terroriste qui va grandissant et qui peut constituer une catastrophe pour le monde entier », un préalable : « La mise en place au Mali d'un gouvernement fort et représentatif. » « Nous avons vu venir ce problème, nous l'avons alors dit et l'histoire nous a donné raison », dit-il soulignant la portée de l'intervention de son armée contre les « bandes criminelles qui nous menaçaient depuis le nord de ce pays voisin ». Les propos du président mauritanien tranchent avec ceux de son homologue du Niger qui se prépare à « faire face à toute éventualité », y compris envoyer des troupes au Nord du Mali où, selon la France, l'intervention militaire est « inéluctable ». La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, qui attend le feu vert du Conseil de sécurité et une demande du président par intérim, Dioncounda Traoré, dès la formation du gouvernement d'union nationale, pour envoyer ses 3.300 soldats pour aider l'armée malienne à reconquérir le nord du pays, prendra-t-elle acte des « observations » de la Mauritanie et des pays de la région ? Partisans d'une solution politique, ils ne souhaitent pas voir ce pays du Sahel connaître le même sort que l'Afghanistan ou la Somalie.