Le ministre burkinabé des Affaires étrangères Djibrill Bassolé s'est rendu hier matin, dans le nord du Mali. Première escale : Gao où la population s'organise pour contrer les groupes armés islamistes. Kidal dans le Nord-est, pourrait être la deuxième étape de cette visite programmée, au lendemain de la réunion à Niamey des ministres des Affaires étrangères des pays du Champ qui ont lancé un « vibrant appel » aux Maliens « pour qu'ils s'entendent, se réconcilient et se réunissent autour des idéaux d'unité nationale, de concorde et de paix ». Mission : rencontrer les représentants d'Ansar Eddine et du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), les deux mouvements alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique qui contrôlent larégion depuis le putsch de mars dernier, pour leur délivrer un « message » de Blaise Compaoré, son président et médiateur de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) dans la crise malienne. Comme pour prendre la température de la ville, Djibrill Bassolé qui laisse entendre que son pays renforcera sa médiation pour trouver une solution à la crise malienne selon les décisions de la Cédéao, s'est rendu, dès son arrivée à l'hôpital de Gao à la rencontre des médecins et des infirmiers qui accomplissent leur mission humanitaire grâce aux médicaments que leur fournissent les ONG. M. Compaoré qui a reçu,séparément en juin, à Ouagadougou, Ansar Eddine, le MUJAO et le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) compte-t-il jouer la carte de la négociation avec les nouveaux maîtres du Nord ou pousser ces derniers à assumer leurs engagements ? Ansar Dine avait accepté de « s'engager dans la voie de recherche d'une solution politique négociée à cette crise, sous la médiation ». Il l'a redit la semaine passé, au président du Haut conseil islamique qui presse les islamistes de renoncer à l'application de la chari'a. Le MNLA, qui a unilatéralement proclamé l'indépendance de l'Azawad avant d'être chassé par les islamistes, s'est déclaré, lui aussi, « disponible » pour des négociations de paix. A Bamako où la rumeur donne le capitaine Sanogo, comme l'un des deux futurs vice-présidents du Haut Conseil d'Etat, le président de la transition, Dioncounda Traoré, qui a achevé ses consultations avec les forces vives, s'apprête à annoncer son gouvernement d'union nationale et demander à la Cédéao d'envoyer ses 3.000 hommes nettoyer quelques 800.000 km2 des islamistes qui veulent imposer la charia ! Comme en mai dernier, la rue s'agite. Les anti-Traoré son revenus à la charge. Ils réclament la démission du président dont le procès de ses 3 agresseurs s'est ouvert hier matin.