Dioncounda Traoré, le président de la transition, a formé un gouvernement « d'union nationale » de 31 ministres dont 4 femmes, 13 nouveaux dont 4 militaires, condition sine qua non des bailleurs de fonds et de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest avant tout déploiement, avec l'aide logistique de certains pays occidentaux, d'une force de 3 300 soldats au nord du pays occupé par Ançar Dine et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, deux mouvements liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique. Le premier ministre, Cheick Modibo Diarra, a été reconduit. Malgré toutes les protestations. Comme pour montrer qu'il assume pleinement sa fonction de Premier ministre, Modibo Diarra, qui a pu garder 18 ministres, a tenu à remettre en personne à la presse la liste du nouveau gouvernement. Principales nouveautés de ce cabinet qui aura pour priorités l'organisation dans un délai raisonnable, d'élections libres, mais surtout la libération du nord du pays, devenu depuis le putsch du 21 mars dernier, un sanctuaire de prédilection pour le recrutement et l'incubation du terrorisme international : la création d'un ministère des Affaires religieuses et du Culte, confié au Docteur Yacouba Traoré et la participation de tous les groupements politiques. Parmi les départs, on compte ceux des ministres de la Communication, Hamadoun Touré, et des Affaires étrangères, Sadio Lamine Sow, un proche du président Blaise Compaoré, le médiateur de l'Afrique de l'Ouest pour la crise malienne. Selon le décret présidentiel, le premier a été remplacé par Bruno Maïga, ministre délégué dans le gouvernement formé le 24 avril, et le second par Tiéman Hubert Coulibaly, dont le parti l'Union pour la Démocratie et le développement a jeté son dévolu sur la candidature du Pr Dioncounda Traoré à la présidentielle avortée du 29 avril 2012 avant de devenir membre du Front pour la démocratie et la République (FDR, front anti-putsch). Le 7 juillet dernier, les chefs d'Etat de la Cédéao ont fixé un ultimatum jusqu'au 31 juillet, prolongé depuis au 10 août, pour la formation d'un gouvernement ayant une assise suffisante pour reconquérir le Nord. La Cédéao qui attend un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU recevra-t-elle la demande formelle Bamako ? Pas sûr. Tous les ministres ou presque sont considérés comme proches du capitaine putschiste Amadou Sanogo qui ne veut pas de militaires étrangers pour régler la situation dans le Nord. Dans certains pays de la Cédéao, ce projet dont les contours restent flous, est au point mort. Dans d'autres, ce projet suscite des remous. Les oppositions politiques au pouvoir en place exigent des débats sur cet « envoi d'enfants en guerre » dans les assemblées nationales, car l'expérience en Afghanistan, au Liberia, en Sierra Leone ou, récemment, en Libye, a démontré que les troupes étrangères ne sortent jamais indemnes des opérations. Grosse question : qui va reconquérir le Nord ? Bamako qui estime que l'« option militaire » est « inévitable » a une armée sous-équipée.