La commission a mis en relief, principalement, l'ampleur de la corruption, préconisant, en guise de lutte, des sanctions « exemplaires et dissuasives ». Il est primordial de mettre fin au « clientélisme », aux nominations « pistonnées », notamment dans les hautes sphères de l'Etat, au détriment de la compétence et de l'intégrité et de la fidélité au pays, a estimé l'instance de Farouk Ksentini. Sentence : « Il est temps de faire le choix de l'Algérie et de son peuple et de combattre effectivement et sans relâche tous les agents publics qui ne cherchent qu'à s'enrichir et à amasser toujours plus d'argent ». La CNCPPDH a déploré que la corruption ait « miné le tissu social » et « essaimé sur l'ensemble du territoire national ». « Il est grandement temps de mettre un terme définitif à la dérive actuelle, qui est à l'opposé des dispositions de l'article 21 de la Constitution », a-t-elle souligné, constatant que les fonctions au service des institutions de l'Etat « sont devenues une source d'enrichissement et un moyen de servir des intérêts privés ». « La corruption gangrène notre pays et l'impunité aidant, elle risque d'altérer toute démarche tendant à assurer un essor économique et social », a prévenu la commission, « à moins que les pouvoirs publics ne s'attellent vraiment à une action de salubrité publique, qui ne sera pas une opération ponctuelle visant des comparses avec une parodie de justice et, qui concernera en premier lieu les pouvoirs publics eux-mêmes ». Dans le domaine de la justice, les griefs de la CNCPPDH sont également énoncés. La justice doit exercer « pleinement et sereinement » ses attributions légales, notamment en ce qui concerne l'instruction à charge et à décharge, « sans interférences » ni de la chancellerie, ni du parquet général, ni de la police judiciaire. UNE ADMINISTRATION DIRIGEE PAR « DES PERSONNES IMPOSEES » Mais c'est à l'administration que les remarques les plus sévères ont été adressées. De ce côté-là, il n'y a pratiquement rien de nouveau. Les mêmes critiques reviennent à chaque rapport. Pour la CNCPPDH, l'administration est loin d'être à la hauteur de ses fonctions pour ses « promesses non tenues » dans la prise en charge des revendications du peuple. « L'administration est dirigée, aux différents échelons et dans une large mesure, par des personnes « pistonnées », « imposées » ou « cooptées » qui sont au service de leurs propres intérêts et de ceux de leurs « bienfaiteurs » et non au « service exclusif du peuple », note le rapport. « Le discours politique et les bonnes intentions, à eux seuls, ne suffisent pas, sans une réelle et effective traduction des droits de l'Homme dans les faits et dans la vie de tous les jours des Algériens et Algériennes », prévient le document qui rappelle que « la relation citoyen-administration demeure toujours tendue et fait l'objet de critiques et de reproches, souvent acerbes ». Et d'ajouter : « L'administration exige une multitude de documents pour des actes parfois élémentaires, causant des désagréments et une perte de temps aux administrés ». Pour mettre un terme aux diverses dérives, il est également préconisé que les hautes fonctions dévolues aux cadres de l'Etat dans les domaines économique, administratif et sécuritaire soient « limitées dans le temps ». La commission s'est interrogée, à ce propos, sur « l'existence d'un régime de sanction, positif et négatif, à l'endroit des cadres de l'Etat pour établir une véritable émulation avec l'émergence de cadres compétents, dynamiques et soucieux du bien-être des citoyens, qui ne doivent leur nomination à personne, mais uniquement aux tâches bien accomplies et à leur abnégation dans l'exercice de leurs attributions au service exclusif du peuple ». S'agissant des personnes vulnérables, le document relève que les handicapés sont confrontés à de « nombreux obstacles qui freinent leur participation sociale, voire les excluent ». Quant aux violences faites aux femmes, le document relève que la prise en charge de la lutte contre ce fléau est « nettement insuffisante ». Concernant les personnes disparues durant la décennie du terrorisme, la Commission recommande « l'instauration d'un dialogue dans un climat serein et apaisé ». Au sujet des « harraga », elle rappelle que les sanctions coercitives et pénales constituent « un non-sens qui reflète le fossé existant entre la population et ceux censés être à son service ». Evoquant l'environnement du cadre de vie, la Commission nationale considère « que le citoyen est constamment agressé par l'environnement dans lequel il évolue », préconisant dans ce contexte le renforcement de structures socio-éducatives et des espaces verts.