La veille, ils ont fait exploser une bibliothèque, une université et le mausolée du cheïkh Abdessalem al-Asmar, un théologien soufi du XVIe siècle, à Zliten, à 145 km au sud-est de la capitale. Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, a vécu le même drame. Un mausolée, celui du cheïkh Ahmed al-Zarrouk a été totalement détruit. Les autorités, qui ont dénoncé ces actes, promettent de poursuivre les responsables de destruction de ces bâtiments et manuscrits qui ont un caractère scientifique, culturel et historique. Mohamed al-Megaryef, le président du pays par intérim et du Congrès général national, la plus haute autorité du pays depuis les élections du 7 juillet dernier, a dénoncé ces actes barbares, samedi soir, dans un discours à la nation. « Ces actes sont rejetés et interdits par la loi et la chari'a, ce qui rend les responsables susceptibles de poursuites », dit-il, appelant le gouvernement et les services de sécurité à « accomplir leur rôle, qui est d'arrêter les saboteurs et de préserver l'autorité de l'Etat ». Il annonce des « mesures » contre ces islamistes qui estiment que ces sanctuaires, qui seraient une « rémanence païenne », selon eux, « violent » l'unicité de Dieu. M. Megaryef, qui a convoqué, pour hier soir, le chef du gouvernement, les ministres de la Défense et de l'Intérieur, le chef des renseignements et les responsables des services de sécurité au Congrès pour entendre leurs réponses aux questions des députés, ne les dit pas. Il dessine, toutefois, leurs contours quand il accuse ouvertement des membres des services de sécurité et des ex-thowar de prendre part à ces attaques et révèle que certains membres du Congrès exigent le limogeage des ministres de la Défense et de l'Intérieur pour « laxisme » face à la recrudescence des violences. Notamment depuis l'annonce de la saisie de 26 lance-missiles et plus de cent chars chez une milice des partisans de l'ancien régime, dans le nord-est de la Libye. Sans s'exprimer explicitement sur la destruction des mausolées, cheïkh Sadek al-Ghariani, le grand mufti de la Libye, rappelle au gouvernement qu'il a le devoir de protéger les tombeaux. Moustapha Abou Chagour, le vice-Premier ministre, demande à l'armée de protéger ces sites. Le fera-t-elle ? Si le ministre de l'Intérieur, qui est sous les feux des critiques, a présenté sa démission hier, le patron de la Défense avoue ne pas avoir les moyens pour désarmer les tribus et les groupes qui se livrent la guerre. Les observateurs du « printemps arabe » se demandent si après la destruction des mausolées de Tombouctou, au Mali, et ce qui se passe, présentement, au Libye, les islamistes ne vont pas raser les Pyramides. Les salafistes, qui représentent la deuxième force politique en Egypte, en auraient exprimé le souhait.