Désormais, le citoyen, victime de cambriolage de son domicile, a le droit d'exiger des enquêteurs de la Gendarmerie nationale des preuves matérielles à travers le prélèvement des indices sur les lieux. C'est ce qu'a indiqué hier, le colonel Abdelhamid Messaouadi, directeur général de l'institut national de la criminologie et de la criminalistique (INCC) de la Gendarmerie nationale dans un point de presse. Et pour cause, dans des cas de cambriolage, les enquêteurs, parfois, se contentent de faire le constat du vol, sans recours au prélèvement des indices. Cette mesure vise à promouvoir la culture criminalistique et criminologique au sein de la société algérienne. « Le citoyen doit exiger la preuve matérielle, cela permettra le renforcement et l'édification de l'Etat de droit », a-t-il précisé. « Les experts de l'INCC assistent les unités dans les affaires criminelles et les scènes de crime complexes », a ajouté le colonel Messaouadi. Le directeur de la criminalistique, le colonel Sid Ahmed Bouramana, a expliqué que « l'INCC assure une assistance scientifique aux investigations complexes, il participe aux études et analyses relatives à la prévention et à la réduction de toute forme de criminalité ». L'INCC est chargé aussi de participer à la définition d'une meilleure politique de lutte contre la criminalité. La fiabilité des résultats est de 99% pour les empreintes digitales et 85% pour les palmaires, affirme ce responsable. 120 MILLIONS DA D'ANALYSES PAR AN Les experts de cet institut ont effectué, durant le premier semestre de l'année en cours, 12 391 analyses, ce qui représente un coût partiel de plus de 50 millions DA. « Le coût est de 120 millions DA par an. Ces analyses nous auraient coûté beaucoup plus si elles avaient été faites à l'étranger », souligne le colonel Bouramana. Les gendarmes ont analysé pour 2 753 affaires et traité 7 929 scellés et 8 259 pièces à conviction ainsi que près de 6 102 empreintes digitales. En matière d'incendies et d'explosions, les mêmes services ont effectué 611 analyses. Parmi elles, des débris et des lambeaux de chair des attentats kamikazes. Les experts de l'INCC ont fait 27 rapprochements-documents en balistique dont 22 ayant un lien avec le terrorisme, ce qui a permis de situer le mouvement des armes et des groupes terroristes, souligne l'analyse. Le bilan fait ressortir que l'INCC a également effectué des analyses liées à l'examen de véhicules, s'agissant pour la plupart des accidents de la circulation. L'institut dispose d'un département d'accidentologie. « On procède au niveau de ce service à la reconstitution de l'accident pour déterminer les vraies causes et la responsabilité du conducteur », explique le colonel Messaouadi. Le conférencier a fait remarquer que les analyses sont codifiées et anonymes pour assurer la crédibilité des résultats sans la moindre influence. Le colonel Messaouadi a expliqué également que l'institut est chargé de réaliser des expertises et des examens scientifiques, dans le cadre des enquêtes préliminaires et des informations judiciaires « à la demande des magistrats et pas des particuliers, en vue d'établir les preuves permettant d'identifier les auteurs des crimes et délits ». DES INSECTES POUR DETERMINER LA DATE DU DECES Le colonel Sid Ahmed Bouramana a souligné qu'il existe aussi une importante spécialité à l'INCC, qui permet de déterminer la date approximative du décès par des insectes. « C'est une nouvelle science. On a des experts en la matière. Une expérience est mise en place à Constantine, en attendant le grand sud ». Evoquant le volet de la coopération, le DG de l'institut a affirmé qu'il existe une complémentarité avec les services de la DGSN, les douanes et plusieurs ministères, à l'instar des ministères des Finances, de l'Enseignement supérieur et de la Santé. Concernant la coopération internationale, l'INCC est sollicité par plusieurs pays, à l'exemple de la Jordanie et de l'Arabie Saoudite.