Hassan Cheïkh Mohamoud, un universitaire de 56 ans, est le premier président élu en Somalie. La précision est de taille. Car au regard de la situation de crise et de la faillite de l'Etat, ses prédécesseurs ont dû valider leur ticket dans les pays voisins. Le pas est donc important dans la démarche de refondation nationale, initiée à la faveur de l'assemblée constituante, puis de l'adoption d'une Constitution et de l'élection du premier parlement disposant désormais de la légitimité suffisante pour voter le président de son choix en la personne de Cheïkh Mohamoud, sans appartenance politique et sans activité gouvernementale. Pour cette personnalité consensuelle, issue de la société civile activant dans les ONG somaliennes et les institutions onusiennes (Unicef, notamment), la surprise du scrutin a pris de court les prophéties des spécialistes plutôt favorables à la reconduction des personnalités connues de l'ancien régime représentées pour la plupart par la panoplie des 25 candidats. Le président du changement a été plébiscité, au second tour, par la majorité confortable des 190 voix, en laissant sans voix l'ancien chef d'Etat Sharif Cheïkh Ahmed faisant pourtant illusion au duel du 1er tour et quittant « sans ressentiment le pouvoir ».Le nouveau président a été immédiatement investi par le président de la Cour suprême, après avoir prêté serment. Ainsi, se sont achevés un long processus politique, parrainé par l'ONU, et la transition mouvementée menée par des gouvernements qui se sont relayés dans un pays happé par la machine infernale de la violence, du règne des seigneurs de la guerre et du mouvement extrémiste, les Shebabs. Les principales missions qui attendent le nouveau chef de l'Etat somalien sont entre autres, le rétablissement de la stabilité. Lors de sa campagne électorale, il a affirmé que son objectif est de « construire une société libérée des démons du clanisme, de la peur et des conflits internes ». Ce n'est pas une mission facile dans ce pays où 2,12 millions sur les 10 millions d'habitant nécessitent une aide alimentaire urgente. La menace extrémiste est aussi présente. La présidentielle somalienne a été saluée par Paris et Londres qui ont qualifié ce vote d'étape « importante » en vue d'« un processus politique renouvelé ».