C'est ce qui semble se profiler pour l'année en cours, puisque selon des chiffres récemment publiés, le petit site de microblogging Twitter amasserait beaucoup plus d'argent par la publicité sur mobile que le géant Facebook, mais toujours très loin derrière Google. Twitter serait ainsi en mesure de générer un chiffre d'affaires 2012 supérieur à Facebook via les smartphones sur le marché américain. A la recherche d'une monétisation de ses services en vue de parvenir à la rentabilité, Twitter pourrait bien évoluer dans la mobilité. Selon le cabinet d'études eMarketer, la plateforme de microblogging pourrait même générer davantage de revenus publicitaires via les smartphones que Facebook. Ainsi, selon les projections du cabinet d'études, le chiffre d'affaires de Twitter sur le mobile pourrait s'élever à 130 millions de dollars aux Etats-Unis. Ce serait deux fois que le résultat escompté de Facebook : 72,7 millions de dollars. Même si l'étude ne comporte pas de projections sur l'échelle internationale, c'est déjà un signe encourageant pour Twitter à la recherche d'un modèle économique viable. Néanmoins, la victoire sera brève. eMarketer considère que les rôles devraient s'inverser à partir de 2013. Facebook pourrait générer un chiffre d'affaires de 387 millions de dollars en pariant sur de nouvelles solutions publicitaires adaptées à la consultation sur les smartphones. Pour 2014, la tendance ne changera pas : le business du réseau social de Mark Zuckerberg sur les téléphones mobiles devrait atteindre 629,4 millions. L'apparition d'un éventuel smartphone dédié à Facebook pourrait accélérer cet élan. Toujours selon eMarketer, la publicité mobile devrait représenter un marché de 2,61 milliards de dollars cette année aux Etats-Unis (12 milliards escomptés d'ici 2016). Une tendance appuyées au niveau du marché mondial de la publicité sur terminaux mobiles, appelée à connaitre une forte progression. Ce marché atteindra 10,4 milliards de dollars en 2017, selon Juniper Research qui souligne une contrainte majeure, celle des mobinautes de plus en plus réticents à livrer leurs données personnelles. Alors même que les internautes ont déjà largement basculé sur le mobile pour surfer sur le Web et utiliser leurs applications, le marché publicitaire n'a pas encore réellement suivi cette révolution. En 2012, le marché mondial de la publicité en ligne devrait s'élever à 62 milliards de dollars environ. Mais la part dévolue à la publicité sur les mobiles ne représente encore qu'une petite part de 2,4 milliards de dollars. Un montant appelé à croître rapidement pour rattraper son retard. Selon une étude de Juniper Research, le marché de la publicité sur les mobiles devrait connaître une progression de 34 % par an en moyenne sur les prochaines années, pour atteindre 10,4 milliards de dollars d'ici à 2017. L'écrasante majorité (85 %) de ces revenus proviendra des marchés nord-américain et européen, précise le cabinet d'études. D'autres parlent également d'un attrait non négligeable du marché chinois où les terminaux mobiles, notamment les smartphones connaissent un véritable boom. Le basculement des internautes vers le mobile est largement tiré par les ventes exponentielles de smartphones et tablettes. Rien qu'en 2011, 472 millions de smartphones ont été vendus dans le monde, et l'on s'attend à dépasser la barre des 500 millions en 2012. Idem pour les tablettes : Apple et Samsung devraient en écouler 80 millions en 2012. Cette généralisation du mobile est déjà la première préoccupation des deux géants du Web : Google, qui règne sans partage sur la recherche sur l'Internet fixe, et Facebook, qui ne sait pas comment monétiser ses fans sur le mobile, alors même que ses revenus tirés de la publicité restent faibles. Enfin, les sites d'information dans le monde constatent que désormais près de la moitié des visites proviennent du mobile. Juniper Research explique que la croissance du marché de la publicité sur mobiles et tablettes proviendra de la capacité des concepteurs d'applications et des publicitaires à délivrer un message personnalisé et basé sur des informations géolocalisées. C'est à la fois un atout et une faiblesse, souligne le cabinet. Un atout, parce qu'une publicité ciblée et géolocalisée présente une forte valeur ajoutée. Mais une grosse faiblesse, car cela repose sur le fait que les internautes acceptent de voir les publicitaires utiliser leurs données personnelles et les suivent à la trace. Or, il existe un sentiment de rejet de plus en plus fort des internautes sur ces questions. Selon Comscore, aux Etats-Unis, elle s'élevait en juin à 79,6 millions de visiteurs uniques pour Facebook et à 96,4 millions pour Google. Les chiffres pour cinq grands pays européens (Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Espagne), 66,9 millions, contre 81,9, sont dans une proportion similaire : l'audience mobile de Facebook représente 82 % de celle de Google. Le moteur de recherche tente d'asseoir sa suprématie en multipliant les efforts pour s'implanter sur les terminaux mobiles. Cela passe, comme pour Facebook, par le téléchargement d'applications (petits logiciels) donnant accès à une version simplifiée, correspondant à la taille réduite des écrans. Il existe aussi des sites au « design réactif » qui s'adaptent automatiquement au terminal utilisé. Mais Google dispose d'un atout majeur : son système d'exploitation Android pour smartphones. Implanté sur les appareils du coréen Samsung, leader mondial des téléphones mobiles, il domine le secteur avec 59 % de part de marché face au système d'exploitation iOS d'Apple (23 %). Pour mieux sécuriser juridiquement Android, Google a dû racheter Motorola, qui dispose d'un précieux portefeuille de brevets. Une opération lourde (12,5 milliards de dollars pour une entreprise déficitaire), qui oblige Google à intégrer plus de 20.000 personnes et à porter ses effectifs à 55.000 salariés (contre 4.000 pour Facebook). De son côté, Facebook va être aidé par Apple. L'entreprise à la pomme devrait mieux intégrer Facebook dans la nouvelle version d'iOS, et en retirer YouTube, filiale vidéo de Google. Il faut rappeler que Google s'est donné les moyens de récolter de la publicité sur mobile dès novembre 2009, en rachetant la régie spécialisée AdMob pour 750 millions de dollars. Du coup, dès 2010, seul chiffre dévoilé, les encaissements sur mobile étaient déjà de l'ordre du milliard de dollars. Un bon début, même si cela ne représentait encore que 3,5 % des recettes publicitaires du groupe. Google dispose, en outre, d'une place de marché automatisée (Invite Media), la seule qui fonctionne vraiment pour l'instant, hormis une autre de Microsoft. De son côté, Facebook teste actuellement son futur AdExchange, pour la mise aux enchères automatique de ses espaces publicitaires. Le réseau social a d'autant moins dit son dernier mot qu'il est à la tête d'une fabuleuse base de données, véritable mine d'or encore inexploitée, permettant aux annonceurs d'accéder à de précieuses informations personnelles. L'accord des internautes qui ont déclaré aimer telle ou telle marque (bouton « I like ») n'est pas forcément nécessaire. Facebook peut en effet s'interposer pour envoyer les messages aux catégories ciblées, sans dévoiler l'identité des personnes. Pour augmenter ses recettes, Facebook commence aussi à diffuser des annonces dans le flux d'actualité, où leur visibilité est plus forte que dans la colonne de droite de la page. Laquelle est d'ailleurs absente des versions mobiles pour cause d'écrans trop étroits. On se souvient que Google avait suivi une démarche similaire, en insérant habilement des publicités en haut des résultats de recherche, et non plus seulement dans la marge. C'est sur le nécessaire équilibre entre la pertinence des offres et le respect de la vie privée des internautes que devraient évoluer les deux géants du net, Facebook et Google, appelés à en découdre sur le front de l'audience sur l'Internet mobile. En attendant, pour les deux, de se défaire des soupçons d'espionnage des données personnelles et, pour Facebook, de s'extirper du tourbillon de son entrée désastreuse en Bourse.