Ce qui saute aux yeux au centre-ville, c'est l'état des routes, gondolées ou crevassées par endroits. Des nuages de poussière se soulèvent d'ailleurs au premier passage de véhicules. Cela n'est pas sans conséquences sur la santé des riverains. Certains habitants, en effet, affirment avoir développé des allergies et des maladies respiratoires en raison des poussières qui se dégagent de la chaussée. Cela étant, les citoyens interpellent les autorités locales pour le revêtement des routes du chef-lieu de daïra. Faute de quoi, disent-ils, ils recourront à tous les moyens légaux pour se faire entendre. « Nos enfants sont atteints de maladies respiratoires en raison de la poussière. On demande aux autorités locales de prendre en charge le problème des routes du chef-lieu dans les plus brefs délais, sinon on sera contraints de prendre des décisions radicales pour nous faire entendre », soutient Abdellah S., membre du comité de quartier. Sur le plan économique, le manque d'infrastructures de base entrave sensiblement le développement de la région.C'est Omar Teboune, président de l'Assemblée populaire communale, rencontré en marge des journées d'étude organisées par le Haut commissariat à l'amazighité, qui l'affirme. M. Teboune, qui souligne l'absence, dans sa commune, d'infrastructures économiques et culturelles profite de la présence de la presse pour lancer un appel aux autorités centrales. Il estime nécessaire l'octroi d'un budget supplémentaire qui permette à sa localité de réaliser des projets de nature à développer l'économie locale. Il affirme, dans ce cadre, que le souhait de la population de cette région est de voir sa région bénéficier d'un programme spécial qui lui permettra de sortir de la pauvreté. Chômage et absence de perspectives « On espère que d'autres rencontres, de quelque nature qu'elles soient, soient organisées dans notre commune pour amener des hommes d'affaires à investir à Boussemghoun », souligne-t-il. En attendant, les autorités locales font tout ce qui est en leur pouvoir pour répondre aux doléances des citoyens, et ce en dépit du manque de moyens. « Notre souci premier est de répondre aux besoins des citoyens. Nous sommes conscients que la tâche est difficile, mais cela ne nous empêche pas de faire du mieux qu'on peut pour être à la hauteur des attentes des citoyens », souligne M. Teboune. La population qui souligne les conditions difficiles dans lesquelles travaillent les élus locaux n'a pas omis de mettre en valeur la bonne volonté de ces derniers. « Le maire ne peut rien faire à lui seul quand la commune qu'il gère est dépourvue de moyens infrastructurels », soutient-on. En l'absence d'infrastructures et de postes d'emploi, le taux de chômage a atteint à Boussemghoun un seuil alarmant. En effet, la majorité des jeunes ne travaille pas ou n'a pas de poste de travail permanent. Les jeunes, eux, sont unanimes à mettre en évidence l'indigence et la situation dans lesquelles ils vivent en raison du manque de postes d'emploi dans cette région semi-désertique, où la seule richesse perceptible demeure le cheptel. « Hormis quelques éleveurs plus ou moins épargnés par la crise du chômage, l'écrasante majorité de la jeunesse se roule les pouces non par oisiveté, mais par manque d'emploi. Les jeunes passent leur temps à rêver d'ailleurs, à fracturer les horizons pour aller sous d'autres cieux plus cléments, où ils pensent pouvoir faire leur vie », soutient Mohamed, vendeur ambulant de tabacs. Le chômage est un fait dans cette région. Et d'ajouter : « Les jeunes passent leur temps à ne rien faire. On a l'impression que notre commune est délaissée, qu'elle ne bénéficie pas d'un programme ». Ceux qui, vaille que vaille, parviennent de temps à autre à dénicher un poste d'emploi sont vraiment rares. Cette situation pour le moins difficile a contraint les jeunes à passer, la mort dans l'âme, leur temps à jouer aux cartes et à attendre, comme beaucoup d'Algériens, une occasion pour aller chercher du travail dans d'autres régions ou quitter l'Algérie. Hamid, jeune cafetier de son état, affirme que la quasi-totalité des jeunes de cette localité déshéritée vivent au crochet de leurs parents. Seulement une minorité a réussi dans sa vie professionnelle après avoir obtenu un diplôme universitaire. Cette catégorie de personnes travaille généralement dans l'enseignement ou l'administration, quand elle n'a pas quitté la localité pour aller quérir du travail dans d'autres wilayas du nord-ouest algérien, étant donné que Boussemghoun ne leur offre pas beaucoup d'opportunités. Le ksar de Boussemghoun, un atout à rentabiliser Ce joyau architectural, construit au XVe siècle au milieu d'une grande palmeraie qui s'étale sur environ cent cinquante hectares, est d'une beauté à nulle autre pareille. Pour y accéder, le visiteur peut choisir une des trois grandes portes. Plusieurs corridors en forme de labyrinthes lui permettent de se rendre, sans se perdre, dans différentes parties du ksar. Une fois à l'intérieur, l'œil fureteur admire, émerveillé, la finesse avec laquelle le ksar est construit. Nos aïeux ont utilisé uniquement le bois de palmier et du pisé pour la construction du ksar. Cette technique est bénéfique à plus d'un titre, puisqu'elle empêche la chaleur de pénétrer dans l'intérieur du ksar en été, tout comme elle le protège du froid en hiver. Des grenadiers, tout autour du ksar, ploient sous le poids des grenades. Des palmiers, chargés de dattes, trônent majestueusement sur les lieux. Des seguias arrosent à longueur de journée le jardin. Ici, la nature est toujours en fête au point de faire oublier à celui qui s'y rend que l'on est en automne. Cependant, même si le ksar fait ces derniers temps l'objet de restauration, il semble qu'il a été délaissé par le passé. La preuve, certaines de ses parties sont complètement affaissées. Restauré, le site peut devenir, avec la mise en place d'une politique touristique appropriée et qui tienne compte des spécificités des lieux et de la région, une source de revenus pour la localité. Pour cause, ce site est un décor véritable naturel d'une rare beauté pour le tournage de films. Certaines scènes du dernier film du réalisateur Mouzaoui, « La fille aux tresses », y ont été filmées. Le Haut commissariat à l'amazighité, par la voix de M. Assad, a invité le mouvement associatif local à mettre en valeur ce site pour l'utiliser à bon escient. « Je vous invite à suivre l'exemple du mouvement associatif de Ouarzazate, au Maroc, qui a su tirer profit des site historiques de la région pour les rentabiliser », s'est-il adressé aux représentants du mouvement associatif. Gravures rupestres, témoins d'une civilisation millénaire Les gravures rupestres de Tiout constituent un véritable point de chute des touristes. D'emblée, l'on constate que les premiers habitants de cette région ont gravé sur la pierre des dessins représentant des vaches, des mufles et autres animaux ainsi que des figures géométriques. Malheureusement, certaines gravures sont complètement amochées, parce que des visiteurs, ne s'étant pas souciés de la valeur historique et anthropologique qu'elles représentent, ont inscrit leurs prénoms et autres graffitis. Zoulikha Touati, doctorante en archéologie, affirme que des études historiques et anthropologiques attestent que Boussemghoun existe bien avant l'avènement de l'islam. A l'en croire, l'homme a peuplé cette région, où la civilisation capsienne a été détectée, depuis l'aube de l'histoire. Depuis longtemps, dit-elle, les habitants de cette région accordent une importance capitale à la culture. Selon elle, « l'art rupestre témoigne d'une activité anthropique artistique et culturelle appréciable dans cette localité du Sud-Ouest algérien ». Ici, fait-elle savoir, « l'art rupestre qui remonte encore plus loin dans l'histoire, soit jusqu'à environ dix mille ans, révèle que Boussemghoun est l'un des premiers foyers de la civilisation humaine ». Et d'ajouter que les figures gravées sur la roche dans plusieurs endroits montrent la nature humide du climat dans cette région ainsi que sa richesse faunistique et floristique à l'époque où les habitants de cette région ont réalisé ces gravures rupestres.