Le signal d'alarme a été ainsi lancé par le ministre des Finances, Nabil Kassis, de la faillite inéluctable de l'Etat palestinien en devenir. « La solution à deux Etats est en danger si l'Autorité palestinienne n'est plus en mesure de continuer à fonctionner », a-t-il averti après la réunion des pays donateurs qui a eu lieu au siège de l'ONU. Face à la grave crise budgétaire que connaît l'Autorité palestinienne, les promesses non tenues des donateurs, essentiellement américain et arabes, estimées à 300 millions de dollars, ont davantage fragilisé la construction d'un Etat aux fondations sans cesse menacées par l'état de colonisation et la pratique de restrictions imposées en Cisjordanie et à Ghaza. Ramallah est en ébullition. Des manifestations secouent l'enclave palestinienne dénonçant la cherté de la vie, notamment la hausse des prix (essence et denrées alimentaires) qui est le fait de l'imbrication des deux économies, palestinienne et israélienne, définies par le Protocole de Paris, au terme de l'accord d'Oslo, comme un « marché unique » décrétant injustement une harmonisation fiscale. La bombe à retardement menace la crédibilité de l'Autorité palestinienne prise dans l'étau de la contestation sociale et le tarissement de l'aide des donateurs : aléatoire pour ce qui concerne le partenaire arabe et évoluant en chute libre pour la partie américaine (de 300 millions de dollars en 2008 à 50 millions en 2011). L'appel du comité de liaison au respect des engagements financiers et à une augmentation des contributions sera-t-il entendu ? Le nœud coulant du déficit budgétaire (950 millions de dollars) traduit clairement la politique de représailles exercée sur l'Autorité palestinienne soucieuse d'une reconnaissance onusienne de l'Etat par l'Assemblée générale. Cet Etat, précisément, laminé par la remise en cause des progrès du « plan Fayyad » qui prévoyait la construction de « bas en haut », en 3 ans (à partir de 2008), de l'économie et des institutions largement financées par l'aide internationale. Le projet, suscitant depuis 3 ans le satisfecit du FMI et de la Banque mondiale totalement convaincues de la bonne gouvernance palestinienne, a été vidé de sa substance pour tuer dans l'œuf l'espoir de renaissance de l'Etat palestinien voué aux calendes grecques. Dans un document de 22 pages rédigé en prévision de la réunion des donateurs, prévue lundi (hier) à New York, le président Mahmoud Abbas a dénoncé le statu quo intenable politiquement et économiquement. « L'établissement d'un Etat de Palestine viable politiquement et économiquement est impossible sans la fin de l'occupation israélienne dans l'ensemble de la Cisjordanie et de la bande de Ghaza, y compris à Jérusalem-est », précise le document. Car, ajoute le document, « sans un accord politique juste et durable (...), les Israéliens et les Palestiniens vont inévitablement se retrouver dans un seul Etat gouverné par les principes de l'apartheid ».