Des mineurs ont été également interpellés pour homicide volontaire, agression contre ascendants et appartenance à des groupes terroristes. Pour les experts, la perte de repères et le recul des valeurs sont à l'origine de ce phénomène. Près de 4 000 mineurs ont été arrêtés par les services de la police durant le premier semestre de l'année en cours, pour différents délits. Selon les chiffres communiqués par la commissaire principale, Kheïra Messaoudène, chef du bureau de lutte contre la délinquance juvénile de la direction de la police judiciaire auprès de la DGSN, 3 945 mineurs ont été arrêtés en 6 mois par les différents services de police au niveau national, dont 1 086 âgés entre 13 et 16 ans et 173 âgés entre 10 et 13 ans. Les mêmes services ont également interpellé 49 enfants âgés de moins de 10 ans, impliqués dans des délits qualifiés de « graves ». Le bilan fait ressortir que la plupart des mineurs délinquants sont de sexe masculin. Les filles en représentent 3%, soit 146 arrêtées durant la même période. « Nos services ont traité 2 864 affaires liées à la délinquance juvénile, un nombre certes effrayant mais qui reste tout de même en baisse de 9% par rapport à la même période de l'année 2011 », a affirmé Mme Messaoudène. Meurtriers à 13 ans Concernant la nature des délits commis par les petits délinquants, la responsable de la police explique que le vol vient en tête, avec 1 439 mineurs impliqués, suivi des coups et blessures volontaires (CBV), 950 cas, « dont des agressions à l'arme blanche », a précisé la commissaire principale. Plus grave, les services de la police ont interpellé 11 mineurs impliqués dans des CBV ayant entraîné la mort. Parmi eux, sept sont âgés de moins de 13 ans. Les causes de ces meurtres ? « Des raisons vraiment banales, notamment pour un téléphone portable ou un ballon », dira Mme Messaoudène. La violence des enfants s'étend aussi à la famille. 20 mineurs, dont des filles, ont été arrêtés pour agression contre un parent ou grand-parent. Autre réalité : les réseaux criminels se rajeunissent. Désormais, ils se composent, de plus en plus, de mineurs impliqués dans la contrebande, le trafic de drogue, d'armes, de boissons alcoolisées... Selon les chiffres de la police, 197 mineurs ont été interpellés pour détention et commercialisation de stupéfiants et 149 autres pour association de malfaiteurs. Des enfants ont été également arrêtés pour racolage sur la voie publique, homosexualité, tentative d'incitation de mineurs à la débauche, détention d'armes à feu, actes contre nature ou encore inceste. Des dizaines d'adolescents ont été également interpellés pour menace d'attentat, enlèvement de mineurs, outrage à autorité publique et envers un corps constitué, usurpation de fonction et escroquerie, viol et tentative de viol et menaces avec arme à feu. « Le phénomène de délinquance juvénile touche particulièrement les grandes villes », a précisé la commissaire principale. Alger arrive en tête des wilayas, avec 370 cas, suivie de Annaba (273) et Oran (260 cas). La délinquance juvénile s'est également installée dans les villes réputées calmes, à l'instar de Biskra, qui a enregistré l'arrestation de 107 mineurs. Autre révélation : les enfants de familles aisées sont tout aussi enclins à la délinquance. Les cas traités par les services de sécurité indiquent que plusieurs délinquants sont issus d'un milieu stable et de parents intellectuels et aisés. La passivité des citoyens encourage la délinquance juvénile « Le recul des valeurs morales, l'insouciance des familles, la démission parentale, les problèmes conjugaux, la perte des valeurs morales, sont les principales causes de cette délinquance », a fait observer Mme Messaoudène. Autre origine : « la passivité des citoyens qui a encouragé ce phenomène », note-t-elle. Elle n'hésite pas, dans ce sillage, à lancer un appel aux parents en particulier, ainsi qu'aux citoyens, aux enseignants et aux responsables afin de « conjuguer leurs efforts pour endiguer ce phénomène ». « La lutte contre la délinquance juvénile n'est pas seulement l'affaire des services de sécurité, mais de tous », a-t-elle estimé. En attendant, la DGSN a mis en place 50 brigades spécialisées dans la protection des mineurs au niveau de toutes les sûretés de wilaya, dont 3 brigades au niveau de la capitale. « Le commandement de la DGSN a mis tous les moyens humains et matériels, tout en accordant un grand intérêt à la formation du personnel », a indiqué la commissaire principale. Dans ce sens, Mme Messaoudène a fait savoir que la DGSN avait contribué à l'élaboration des plans de lutte contre la violence, à l'instar de la mise en place d'une stratégie nationale sur la violence contre les enfants et les femmes ainsi que le plan national de protection de l'enfance, à l'initiative du ministère délégué chargé de la Famille et de la Condition féminine.